Dans le Jardin des mots

Au banquet de la vie

Classé dans : Extraits de recueils de poésie de l'auteure,Poèmes en français — 20 octobre, 2021 @ 10:17

 Adieu  48 56 cm mm ihry          

                Au banquet de la vie

 

                                I

 

J’ai à peine consommé au banquet de la vie

Je n’ai point tout à fait mis fin à cette envie

De m’éveiller chaque matin

Dès le chant de l’aurore abreuvée d’espérance,

Emportée par les mots, oubliant ma souffrance

Portée par mes rimes satin.

 

Il sera toujours temps de replier mon aile

Lorsque l’aube venue, ma dernière chandelle

Viendra en silence mourir

Éteignant cet espoir qui animait mon âme,

M’emportant vers mon sort comme une vieille femme

Que l’hiver soudain vient flétrir.

 

                              II

 

Je pars pour un voyage aux confins de la mort.

Mes bagages sont prêts, je m’incline sur ce sort

Que Satan lui-même m’impose.

Je n’ai que trop vécu, souvenirs très pesants,

Des boulets que l’on traîne au désespoir des ans

Imposant une vie morose.

 

Il n’est plus d’aujourd’hui, je vais vers mon destin.

Il n’est plus de demain, je pars vers l’incertain

Voguer sur l’onde du mystère

Dans la brume du soir, où le soleil se meurt,

Où les jours sont des nuits, où règne la laideur

Dans un antre crépusculaire.

 

Nul besoin de bagage aux confins de la mort,

Sur ce triste rivage, arrivée à bon port

Satan me tendra une rose

Aux épines dressées qui tacheront de sang

Mon âme virginale, me livrant au croissant

D’une faux affutée, éclose.

 

                             III

 

Adieu mes livres, mon crayon, mes cahiers

Je dois abandonner tous les plaisirs premiers

Qui édulcorèrent ma vie.

Je ne verrai plus l’aube et sa douce senteur

Ni la rosée des bois, son parfum enchanteur

Enivrant ma lente survie.

 

Adieu mon amour, mon amant, mon ami,

Dans le soir triomphant le soleil a faibli

Et le jour se métamorphose.

Dans le grand lac obscur la lune va mourant,

Mon cœur au son du soir capitule, se rend,

Il est temps de faire une pause.

 

Une pause bien longue empreinte de rancœur

Un aller sans retour vers un monde sans fleur

Où n’éclot que la verte épine

Où l’aube se fait nuit car le soleil n’est plus,

Où la vie n’est qu’un leurre aux rêves superflus.

Dans les cieux la mort assassine !

 

©  Monique-Marie Ihry – 9 septembre 2015 –

(Extrait d’un recueil de poésie de l’auteure,

toile de l’auteure intitulée « Adieu » – huile sur toile 48 x 56 cm)

 

 

L’ambre feuillée

Classé dans : Poèmes en français — 5 octobre, 2021 @ 10:49

CANAL DU MIDI XIII 41 X 33

L’ambre feuillée  

 

Le jour et ses parfums d’automnale langueur

offraient à nos regards leur troublante beauté.

Au loin un châtaignier empreint de royauté

pourfendait l’aurore de sa belle blondeur.

Il y avait aussi un oiseau migrateur

faisant la pose bleue de la fin d’un été,

et des flamants roses dont la solennité

harmonisait l’azur d’un étang protecteur.

Le canal du Midi orné de ses platanes

à l’orée d’un octobre à l’aube ensoleillée

offrait le mirage, sous son ambre feuillée,

d’une onde mordorée aux reflets de havanes.

On entendait au loin des guitares tziganes

qui éveillaient l’aurore encore ensommeillée.

On devinait aussi la robe déployée

d’un automne majeur aux accents de gitanes.

Il y avait aussi des pêcheurs à la ligne

composant le temps en toute sérénité.

 

C’était un jour doré empreint de majesté,

l’aube d’un bel automne et de sa grâce insigne.

C’était dans le Midi, à deux pas d’une vigne,

quand le pinceau d’un peintre avide de beauté

perçoit dans l’harmonie d’un reflet velouté

le mystère divin auquel il se résigne…

 

© Monique-Marie Ihry  –  23 avril 2021 -

(toile de l’auteure : « Canal du Midi XIII » (2018)  – huile sur toile 60 x 50 -)

 

 

Vers d’autres cieux

DELICES 5

Vers d’autres cieux

 

L’aurore avait semé des perles de rosée

sur la plaine endormie abandonnée au temps

d’un jour endolori que le jeune printemps

tardait à honorer de sa beauté rosée.

Les billes scintillaient sur l’herbe apposée.

Une brume éthérée au loin près de l’étang,

et dans le souvenir, les parfums entêtants

de nos éveils gourmands, de cette nuit osée…

Peu à peu, les iris sur le bord du chemin,

dans leur corolle en fête à l’odorant carmin

vinrent fleurir les prés, consacrer chaque chose.

Mais tu n’étais plus là, voguant vers d’autres cieux

où la vie n’a plus cours, quand la mort pour les dieux

est le plus bel écrin où le regret se pause…

La saison automnale exhibait sa douleur.

Les arbres de l’étang libérèrent leurs feuilles,

les confiant aux souffles des vents forts qui endeuillent.

La plaine et ses moutons se noyaient dans leur pleur.

La montagne efflanquée arborait sa pâleur.

Seuls des troncs clairsemés que les autans défeuillent

semblaient agenouillés tels les J se recueillent,

dominant les grands prés dépourvus de chaleur.

Je me mis en chemin vers ta couche endormie

dont le marbre gelé mendiait une accalmie,

dans le froid de la nuit où se flétrit le cœur…

Sur la tombe chérie où ton âme repose,

je posai un baiser, une prière, une rose

que les chênes veillant sanctifièrent en chœur…

 

© Monique-Marie IHRY  26 février 2021

(illustration de l’auteure faisant partie du recueil de poésie « Délices » paru en 2018)

 

D’une épine…

florero 5

D’une épine

Un bouton de rose est né d’une épine

à l’aube d’un jour nouveau.

Un bouton, bientôt une rose ivoirine

dans sa robe de velours

que la rosée matinale

a paré de ses perles diamantines.

Une rose, dès l’aube, est née

d’une blessure pétrifiée,

d’autres sont écloses à leur tour

au buisson de la vie,

juste le temps d’une accalmie

entre deux rayons d’amour,

au son d’un « je t’aime »

comme un terreau de mots

fécondant un renouveau,

juste le temps d’une floraison,

un instant de répit

dans la survie de l’être.

© Monique-Marie Ihry  – 23 janvier 2021  -

(toile de l’auteure « Florero 5″ – 80 x 60 cm -

D’une rose à l’autre…

ophelia+ 60  60

D’une rose à l’autre…

 

Je vivais un rêve et toi une aventure.

J’osais espérer une trêve

sur le sentier épineux des amours chus,

mais tu n’étais que chimère

volant d’une rose à l’autre,

picorant, butinant le miel ensoleillé

de chaque fleur offerte à ta magie.

D’aventure en aventure

sur la grande allée des plaisirs,

de douceurs repu,

choyé, comblé à outrance,

un jour tu t’en fus vers une terre promise

à ton infinie gourmandise…

Dans notre jardin, les roses s’étiolèrent,

tout comme mon rêve déchu

de son fébrile piédestal,

bientôt soumis, tel le cristal,

au gel de l’abandon des âmes fragiles.

Je vivais un rêve et toi une aventure,

moi, colombe ingénue

et toi bel oiseau de passage,

moi de blanc vêtue côtoyant une ombre

volatile sautant d’une fleur à l’autre

dans l’éphémère du possible…

 

© Monique-Marie Ihry  – 23 janvier 2021  -

(toile de l’auteure intitulée « Ophélia » – huile sur toile 60 x 60 cm -)

 

 

L’amer des grands fonds

Classé dans : Extraits de recueils de poésie de l'auteure,Poèmes en français — 4 septembre, 2021 @ 4:12

Adieu  48 56 cm mm ihry

L’amer des grands fonds

 

Mon cœur s’est réfugié au berceau de la mer

afin d’oublier du passé le tourment.

Mais dans le puits obscur de cet antre liquide,

il se retrouva sur une couche de boue,

collé bien malgré lui, maculé jusqu’au cou,

sans espoir d’émerger pour rejoindre le présent.

Les déesses vagues, au-dessus de sa tête,

rivalisaient de leur écume dentelle

dont les chevelures blanches ensemble déployées,

ballottées par l’onde paressaient au soleil

sans se soucier de l’être par la fange encerclé.

Dans le vase de la mer, des poissons indifférents

naviguaient en silence picorant ici et là

sur algue, une conque, sur mon âme un regret.

Puis soudain, j’aperçus une paire de rames

encadrant une barque à la coque vermeille,

écartant la dentelle de la robe océane

à la veine recherche d’un cœur désespéré

venu se réfugier dans l’azur infini.

Mais au fond de l’amer, il n’y eut pas d’écho,

car les mots prisonniers se noyèrent aussitôt

entraînant mes espoirs vers l’amer des grands fonds.

Les rames disparurent emportant le vermeil

d’un possible salut. Repus, les poissons

repartirent en chœur picorer d’autres lieux,

abandonnant le cœur au présent d’un oubli

dans le puits de l’âme englouti pour toujours…

 

© Monique-Marie Ihry  – 26 février 2021  -

Toile de l’auteure intitulée « Adieu » – huile sur toile 46 x 55 cm -

Une plume de soie

OISEAU 26

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une plume de soie

 

 J’entrevois sur ton front la trace d’un baiser

un soir déposé dans la grâce d’un instant

comme une douce plume de soie

sur le satin rose de ta peau.

Sur tes lèvres, je devine les pas joyeux

d’un oiseau guettant l’éclosion d’un je t’aime

entre deux soupirs diffusés

par le souffle tempéré de ta bouche.

Tu reposes nonchalamment sur notre couche

sans te douter que l’oiseau et moi

nous veillons conjointement sur ton repos,

espérant toutefois assister à l’heureuse éclosion

d’une fleur entre tes lèvres adorées.

À défaut de l’un de tes sourires conscients et délicieux,

un simple bourgeon est venu soudain éclore

d’une rose à peine entr’ouverte à l’aurore renaissante

et me comble d’un bonheur infini

en attendant patiemment ton réveil.

Et l’oiseau de s’exercer à ses trilles enjoués

dans l’espoir de te voir bientôt revenu parmi nous

pour profiter ensemble de ce jour exquis

où les fleurs, les roses de la vie

revêtent leur robe de gala

pour célébrer l’avènement du printemps…

 

© Monique-Marie Ihry – 2021 -

Dessin de l’auteure -  encre de Chine  -  faisant partie du recueil de poèmes  » A l’encre sur ma peau  »

 

 

Aller sans retour

Florero primaveral M.M. IHRY 65 81

Aller sans retour

 

Une amie part,

un enfant naît,

le soir se meurt

et déjà le soleil luit

quelque part…

Vivons, Vivons ce jour

comme s’il était le dernier,

Enivrons-nous de joie,

d’amour,

demain à l’aube

il sera trop tard !

©  Monique-Marie Ihry

Hommage à une amie partie bien trop tôt…

Sortie prochaine d’un recueil « Poèmes d’amour, Tome I » de Miguel Hernández traduit en français par Monique-Marie Ihry

Classé dans : Poemas en español,poèmes d'amour,Poèmes en français,Traduction — 7 juin, 2021 @ 1:37

COUVERTURE  1ere POEMES D AMOUR TOME I HERNANDEZ 7 juin 2021-

Miguel Hernández (1910-1942) est un poète espagnol né à Orihuela, un village du Sud-Est de l’Espagne. Sa condition de berger ne l’empêcha pas de s’adonner à la lecture et plus particulièrement la poésie. Il publia ses premiers poèmes dans des revues du Sud, puis se rendit à Madrid où il côtoya des membres éminents de la Génération de 27. Sa poésie, initialement inspirée par le classicisme de Francisco de Quevedo évolua progressivement sous l’influence de Pablo Neruda vers une écriture dégagée de toute contrainte esthétique.

Comme il l’écrit lui-même dans un des poèmes de cet ouvrage intitulé Poèmes d’amour, Tome I, Miguel Hernández vint au monde avec trois blessures : la vie, l’amour et la mort. Malgré les tourments de l’existence, les liens de l’amour sont restés de loin les plus forts. Dans son ensemble, sa poésie est axée sur le thème de l’amour : amour pour la nature de son enfance, la femme, la sienne en particulier, et le fils. C’est également une œuvre engagée abordant le thème incontournable de la guerre. Ses recueils de poésie Perito en Lunas (1934), El rayo que no cesa (1936), Vientos del pueblo me llevan (1937), El hombre acecha (1938-1939) et Cancionero y Romancero de las ausencias (1938-1942) en sont le témoignage évident. Les convictions républicaines de l’auteur le conduisirent pendant la Guerre civile espagnole dans des prisons successives où il fut torturé. Il décédera prématurément à l’âge de 32 ans dans une prison franquiste.

Cet ouvrage bilingue rassemble donc bon nombre de ses poèmes dont le fil conducteur est l’amour. Ces vers sont le témoignage d’un cœur droit, sensible, fidèle à ses convictions. Le poète assumera les coups assénés dans son enfance par son père pour qu’il cesse de lire, l’arrêt prématuré de ses études, la mort de son premier fils, la distance de la femme aimée, la torture et les longs mois de réclusion dans des prisons successives lors de la Guerre civile espagnole.

Francisco de Quevedo, affirmait à juste titre que l’amour perdure au-delà de la mort. Il en va de même pour la poésie de Miguel Hernández qui ne cesse d’être appréciée et étudiée depuis des décennies.

 

Un extrait du poème « Dialogue entre Pedro et Ana »

[…]

                            Parce que je t’aime, je prends

                            le chemin du combat

                            pour que tes enfants

                            et les enfants des femmes

                            de tes fils connaissent

                            une vie moins rude,

                            moins injuste, plus vraie

                            que celle qu’en héritage maudit

                            ont reçu nos mains travailleuses.

 

Ce recueil bilingue paraîtra mi-juillet dans la Collection Bilingue aux Éditions Cap de l’Étang.

La traductrice Monique-Marie Ihry a été récompensée par des prix prestigieux de littérature, dont ‒ pour ne citer que les plus récents ‒ le prix Jean Bonicel 2020 (Arcadia Béziers), le prix Jean Cocteau 2020 de la Société des Poètes français dont elle est membre, le prix de traduction François Victor Hugo 2020 de la Société des Poètes français pour sa traduction de Langueur de la poète argentine Alfonsina STORNI avec un rappel de ce même prix en 2021 pour sa traduction de Inquiétudes sentimentales la poète chilienne Teresa WILMS MONTT. Elle est aussi lauréate du Prix Paul Verlaine 2021.

Depuis la nuit des temps

Chutt ! II 55 46

Depuis la nuit des temps

La mer déploie la chevelure diffuse

de ses vagues

sur le turquoise de sa robe

qui ondule, danse, avance

vers le sable de la plage,

délaissant au passage

une dentelle accrochée à son blanc jupon.

Elle s’attarde un peu sur le sable

avant de repartir flirter vers l’horizon,

le volant froissé, la jupe relevée

vers sa poitrine haletante,

se lovant à la houle,

ondulant de ses vagues serpentines

sous la caresse diamantine du vent

dans une azure pâmoison.

Comblée, plus belle que jamais,

elle revient déployer sa robe

de gitane sur le vague des pensées

qui vont et viennent, comme elle,

sur la plage des cœurs offerts

aux délicieux caprices d’Éole,

dans un fandango endiablé et fougueux

que seule la mer sait orchestrer

depuis la nuit des temps…

© Monique-Marie Ihry  – 5 mars 2021  -

(toile de l’auteure  » Chutt !  » (2015)  – huile sur toile 55 x 46 cm  -)

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