
Je me prénomme Mirabelle Petite comptine lorraine *
Je suis une petite mirabelle.
On me dit bien belle.
C’est normal, je suis Lorraine.
De cette région je suis l’emblème
Star suprême,
Des fruits je suis la reine.
Toute ronde
Et très féconde,
Je trône au milieu des mirabelliers
Et de quelques autres pruniers.
J’ai en effet des cousines
Toutes aussi coquines.
La Prune, fruit du prunier
Et la Reine-Claude, appelée de cette manière
Très princière
En l’honneur de la reine du même nom.
Que dire d’autre sur mon prénom
Sinon qu’il évoque
Toute la blondeur d’une époque.
Il paraît aussi que j’ai bonne mine.
C’est vrai que parfois
J’ai du rose qui illumine
De ses atours
Mes joues, mais cela dépend des jours.
J’arbore même quelquefois
Des taches de rousseur
Qui parent ma blondeur.
Au fait, j’ai oublié de vous dire
− Mais peut-être avez-vous déjà ouï dire −
Que je suis blonde contrairement à la prune
Qui elle est toute brune,
De ce brun particulier, un brun souverain
Que l’on ne trouve que chez les Lorrains…
Reine-Claude quant à elle
A choisi de demeurer
Bleu-vert aquarelle,
Verte-dorée,
Encore que, lorsqu’elle est bien mûre
Elle attrape également pour sûr
Quelques blondeurs mordorées.
Toutes trois nous jouissons
A l’unisson
De la rosée du matin
Qui sévit dans les jardins.
En août, lorsqu’il fait si beau
Et que l’on sent qu’il va faire encore très chaud,
Elle vient nous rafraîchir à dessein
Avant que la canicule ne s’installe
En ce climat semi-continental.
Puis elle nous orne toutes les trois d’un film délicat
Qui nous recouvre partiellement et pudiquement,
Comme si notre éclat
Avec elle coquettement
Nous ne voulions dévoiler
Avant d’être par vous dévorées…
Si vous me demandez laquelle des trois prunes
Je préfère pour de vrai
Entre la verte-dorée, la blonde ou la prune,
Honnêtement et ravie
Je vous répondrai
Que moi, Princesse Mirabelle,
Je me sais la plus belle,
Mais je ne me sens guère
Pressée d’être cueillie !
Somme toute c’est de bonne guerre…
Depuis l’avènement
De Stanislas Leszinski, roi de Pologne et Duc de Lorraine,
Je trône en reine sur les versants de l’auguste Colline de Sion,
Là même où je réside en grand nombre avec les prunes mes amies.
A l’heure actuelle, encore sous la forme d’un bouton
Sans aucune prétention.
Je suis encore un peu endormie
Car nous ne sommes seulement
Qu’aux prémices du printemps.
Je vous donne donc rendez-vous
En amont des blondes prairies
Au quinze Août, à la Sainte-Marie
Période où j’ai pour habitude de m’épanouir
Un peu partout, et uniquement pour vous,
Sur bon nombre de collines ensoleillées
Avec le plus beau de mes sourires
Blond, sucré, parfumé et émerveillé
Pour votre bon plaisir
Et celui de vos yeux,
Excusez du peu ! ;)
© Monique-Marie Ihry - mai 2009 -
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