Dans le Jardin des mots

Deux blancs cygnes

Classé dans : Extraits de recueils de poésie de l'auteure,Poèmes en français — 26 octobre, 2022 @ 8:44

cygne couple

Deux blancs cygnes

(Sonnet)

 

Deux cygnes opalins voguaient calmes, beaux.

Le chant du crépuscule éveillait une étoile

Bienveillante évinçant la brume de son voile.

L’archange dans le ciel semblait bénir les eaux…

 

Au loin, l’on entendait des canons, des corbeaux,

Dont le martèlement dans la nuit automnale

Finit par succomber ; plus de tirs en rafale

Dans le silence azur d’une nuit sans tombeaux.

 

Il n’était plus d’obscur sous les feux de la lune.

La valse palmipède à l’ivoirine plume,

Vint attendrir les flots, les combler d’infini.

 

Sur le bienheureux lac, fleurissait l’assurance

D’un univers serein dépourvu de souffrance,

De l’enfer des combats, leur souvenir honni…

 

© Monique-Marie Ihry – 6 mai 2022 –

cygne couple

Le wagon infernal

fantasmagorie I 30 40

 Le wagon infernal 

 

…Je tentais vainement d’accrocher mon wagon

À ce train diabolique où valse l’horizon,

Mais ne parvenais pas dans cette course folle

À rassembler le tout courant derrière Éole.

Mus par un ouragan de pensées délétères,

Les nuages du ciel, comme de pauvres hères

Montés sur leur jument, vomissaient leur sang,

Maculaient le soir d’un bandeau indécent.

Dans un semblant de paix malgré ce flux de rouge,

Les noirs délaissèrent le siège de ce bouge

Et la lune en sommeil fit éclore une étoile,

Soulageant de ce fait les cœurs purs de leur voile.

Puis le train se para d’un semblant d’unité,

Une paix s’installa sur le rail affecté,

Et dans le ciel paisible un oiseau de passage

Grava ces mots d’amour, ce bienveillant message :

 

« La mort survient sans rendez-vous,

Soyez unis, entraidez-vous,

     La vie est une fleur fragile,

     La guerre une cause futile.

     De la nuit émane le jour,

     Des maux, le plus fort est l’amour! »

 

© Monique-Marie Ihry

(toile de l’auteure intitulée « Fantasmagorie I », huile sur toile, 30 x 40 cm)

Poème XXVIII. [Lorsque, dans l’ombre obscure] du recueil de poésie « Rimas » de Bécquer (1836-1870)

Classé dans : poèmes d'amour,Poèmes en français,Traduction — 17 septembre, 2022 @ 1:18

Je vous propose aujourd’hui le poème XXVIII du recueil Rimas du grand poète romantique espagnol Gustavo Adolfo Bécquer (1836-1870). Il fait partie du recueil intitulé Rimes paru en septembre 2022 aux Éditions Cap de l’Étang dans une version bilingue et que j’ai eu ce grand bonheur de traduire.

 

XXVIII. [Lorsque, dans l’ombre obscure]

 

Lorsque, dans l’ombre obscure,

une voix égarée murmure

en troublant son calme douloureux,

si au fond de mon âme

je l’entends doucement résonner,

dis-moi, est-ce le vent qui se plaint

dans ses virevoltes, ou sont-ce tes soupirs

qui en passant me parlent d’amour ?

 

Lorsqu’à ma fenêtre le soleil

rouge brille dans le matin,

et que ton ombre évoque mon amour,

si j’ai l’impression de sentir

une autre bouche dans la mienne,

dis-moi, est-ce qu’aveugle je délire,

ou est-ce ton cœur qui m’adresse

un baiser dans un soupir ?

 

Et dans le jour lumineux,

et dans la grande et sombre nuit,

si dans tout ce qui entoure

l’âme qui te désire,

je crois te ressentir et te voir,

dis-moi : est-ce que je te touche ou te respire

tout en rêvant, ou bien dans un soupir

me donnes-tu ton souffle afin que je m’en désaltère ?


 Gustavo Adolfo Bécquer

 

https://capdeletang.com/produit/rimes-rimas-de-gustavo-adolfo-becquer/

 

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Si…

Classé dans : Poèmes courts,poèmes d'amour,Poèmes en français — 18 août, 2022 @ 11:33

DELICES 5

Si…

 

Si mes vers avaient ce pouvoir

d’effleurer doucement tes lèvres

que j’espère frémissantes d’émoi

sous la caresse de mes mots,

alors, j’effeuillerais lentement ta chemise,

déferais un à un les boutons

menant à l’allée ensoleillée de ton cœur.

Et, posée sur ton sein de bronze et de velours,

j’écouterais battre ces élans d’amour

agiles et cadencés au rythme

d’une émotion intense, ensemble partagée…

 

Si mes vers avaient ce pouvoir

d’effleurer lentement ton âme solitaire,

je pourrais enfin me retirer de ce monde,

à jamais comblée par l’extase

de ce seul instant d’éternité…

 

©  Monique-Marie Ihry    -  15 août 2022 -

(Illustration de l’auteure : « Délices 5″ (2018), encre de Chine=

Vint le baiser

Chutt ! II 55 46

Vint le baiser

 

… Puis vint le baiser,

un baiser violent comme une exigence,

un de ces uniques baisers qui rend fou, délirant,

ouvre une brèche, un passage

dans un cœur asséché par les tourments de la vie,

un baiser qui suggère à la hâte des mots déments

griffonnés sur une nouvelle page,

défie la raison, ses démons,

anéantit chaque bonne résolution

et fait enfin sombrer dans le néant

les pensées obscures gisant

dans l’antre insoumis du cœur.

C’était un baiser d’allégeance

qui ressuscite

et suscite un nouvel élan,

fougueux élan d’amour, de printemps,

enfanté par la passion naissante d’un renouveau.

 

J’eus soudain envie de laisser faire la vie,

de lâcher prise et d’oublier

l’ennui des jours lents et tristes,

ces moments faits de bistre,

ces heures hantées par la métaphore

de la mort et de ses encore,

modelées par le souffrir

d’un long et douloureux martyre.

Je m’ouvris à cet impétueux baiser,

semant à tout vent

dans les sillons jadis inféconds de mon cœur

les voluptueux pétales d’un printemps éternel.

©  Monique-Marie Ihry    -  25 avril 2022  -

(toile de l’auteure intitulée  » Chut !  » (2016) – huile sur lin 55 x 46 cm -)

 

Jamais

flor IV  60 80

Jamais

 

Elles reviendront les hirondelles

composer leur nid dans notre jardin,

tout comme les iris sur le bord des canaux,

mais je sais qu’à moi, tu ne reviendras pas.

 

Oiseaux et papillons voleront de nouveau

venant ainsi demain fleurir la vie

de mille couleurs et d’harmonie,

mais je sais qu’à moi, tu ne reviendras plus.

 

On ne revient jamais du grand trépas,

et même si l’on dit qu’il existe là-haut

un grand jardin d’âmes fleuri,

je sais que la vie là-bas est irréelle ;

et que dans notre jardin d’ici-bas,

même si avec les oiseaux le printemps

toujours revient,

je sais que jamais tu ne me reviendras !

 

@ Monique-Marie Ihry  – 9 février 2022 –

(toile de l’auteure intitulée « Flor IV » huile sur toile 80 x 60 cm)

J’irai au bois

ENCRE 29 (3)

J’irai au bois   

(Sonnet)

 

Je voudrais de mes mains toucher l’immatériel,

Colombe me poser sur un nuage rose,

Frôler la belle étoile où mon amant repose,

Quitter ce monde laid, rejoindre l’arc-en-ciel.

 

Il me faut chaque jour dans le superficiel,

Composer le futur à la rime morose,

Semer des mots d’espoir dans mon jardin en prose,

Ressentir de l’instant le vide artificiel…

 

Lorsque viendra l’avril éclore l’espérance,

Les grands maux de l’hiver feront leur révérence,

Je m’enfuirai vers toi loin de ce crève-cœur…

 

J’irai au bois cueillir le bouquet d’un poème

Orchestré par l’amour sur un air de bohème,

Où l’on fait fi des maux, où le verbe est vainqueur…

 

©  Monique-Marie Ihry    -  11 mai 2022  -

(illustration de l’auteure, encre de Chine)

Telle la rosée

bailarin détail

Telle la rosée

 

Ton souvenir vient délicatement

se poser telle la rosée

sur les blanches corolles de l’aube.

Tu te penches sur mon front

et déposes un doux

et langoureux baiser,

effeuillant la colline

désormais ensoleillée

où repose sereinement

mon cœur…

©  Monique-Marie Ihry   – 18 mai 2022 -

(toile de l’auteure, détail de  ” Bailarin ” – huile sur lin – )

Sur la vague d’un songe…

Classé dans : Extraits de recueils de poésie de l'auteure,Poèmes en français — 6 juin, 2022 @ 11:17

MONDE 44

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sous le charme béni d’une rime éphémère,

Sereine, je voguais sur l’onde azur du cœur,

Il me fallait partir bien loin de ma rancœur,

Vers un havre d’amours, de rêve et de chimère.

 

À cent et mille lieues de ma province amère

Où les tirs, le combat sévissaient en vainqueur,

Loin des maux de l’absence et de ce crève-cœur,

Je me laissai porter par un songe éphémère…

 

La mer me vint à l’aide et pansa mon chagrin.

Peu à peu, la joie s’érigea en refrain

Conté par la colombe à la robe jolie.

 

Sous le soleil de Sète et d’un apaisement,

Dans le jour fait aurore, une douce folie

Triompha de mon âme à l’abri du tourment…

 

© Monique-Marie Ihry – 22 mai 2022 –

Telle la rosée…

Classé dans : Poèmes courts,poèmes d'amour,Poèmes en français — 18 mai, 2022 @ 11:52

bailarin détail

Telle la rosée…

 

Ton souvenir vient délicatement

se poser telle la rosée

sur les blanches corolles de l’aube.

Tu te penches sur mon front

et déposes un doux,

langoureux baiser,

effeuillant la colline

désormais ensoleillée

où repose sereinement

mon cœur…

©  Monique-Marie Ihry    18 mai 2022 -

(Illustration : « Bailarin », toile de l’auteure, détail)

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