Dans le Jardin des mots

Archive pour la catégorie 'Poèmes en français'

Poème « Au chant du cygne » commenté par le Pr Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 30 avril, 2023 @ 10:56 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes en français, Poèmes traduits en arabe, Prix de poésie | Pas de commentaires »

PARIS II La mélancolie du cygne

Au chant du cygne

 

I

 

La mort, tel un oiseau de proie

Déploya ses ailes immenses.

Ses serres avec véhémence

Griffèrent l’harmonie de soie

Recouvrant les vagues azur

D’ombres argentées, lumineuses.

De ses longues ailes flâneuses

L’oiseau de mort au regard dur

Fendit le bleu miroir de l’onde,

Puis rebondit d’un coup de rein

Vers les hauts cieux faits d’airain

Laissant mon âme vagabonde

Voguer, pour un temps seulement,

Un temps de répit sur la vie,

Rien qu’un court instant de survie

Avant la nuit, fatalement…

 

II

 

L’oiseau de mort revint frôlant

Ma barque frileuse amarrée.

Je le regardai, effarée,

Verser son filet nonchalant

Sur mes espérances ultimes.

La mer eut des relents de sang,

Puis l’onde se grisa d’encens

En m’attirant dans ses abîmes…

 

III

 

Dans l’antre de la mer, enfin

Je crus entrevoir la lumière ;

Elle me parut familière.

J’étais à deux doigts de la fin

C’était si doux dans l’onde claire.

Un tapis d’algues m’accueillait,

La mort sereine me cueillait

Telle la fleur abécédaire

D’un dictionnaire des décès.

J’eus soudain très envie de vivre,

Me libérai d’un élan ivre

D’entre les mailles du corset.

 

IV

 

Une fois parvenue au jour,

Libérée du carcan liquide

Orchestré par la mort, son vide,

J’osai espérer un amour

Qui viendrait orchestrer mon cœur.

Je priai pour que cette vie

Vogue au-delà de la survie

Et verse enfin dans le bonheur !

 

                       V

 

Dans le ciel scintillait la Lune

Entourée d’astres lumineux,

Tous les nuages charbonneux

Avaient déserté la nuit brune.

La mort rangeait ses longs filets

Sur le sable grisé de cendre.

Une brise légère et tendre

Chantonnait au soir ses couplets,

Refrain chaleureux sur la toile

De l’univers. Je m’endormis

D’un sommeil aux rêves ravis,

Loin de la mort et de son voile…

 

VI

 

Je m’éveillai sur une plage

Baignée d’un soleil chaleureux.

Les grands pins voguaient bienheureux

Entre les vagues d’un nuage.

Le ciel soudain se fit azur,

Un cygne écrivit un long vers,

Un signe inscrit sur l’univers

Pour louer la vie, un futur…

 

VII

 

Le cygne fendait l’eau, majestueux et beau,

Dans le crépuscule s’éveillaient les étoiles

Dissipant peu à peu les brumes de leur voile,

L’ange dans les cieux semblait bénir les flots.

 

Au loin l’on entendait des chevaux les sabots.

Le bruit de leur course dans le soir automnal

Finit par agonir de ses pas en rafale

Dans le silence bleu d’une nuit sans tombeaux.

 

Le cygne blanc nageait au rythme de la lune

Dont le chant bienveillant aux notes opportunes

Charmait l’onde sereine et comblait d’infini

 

Le monde s’endormait dans la blonde harmonie

D’une paix recouvrée, remettait à demain

L’enfer de la guerre, ses fers, son venin…

 

© Monique-Marie Ihry

Poème extrait du recueil de poésie Cueillir les roses de l’oubli, Éditions Mille-Poètes en Méditerranée, Narbonne, 2014

 

* * *

La première remarque qui se dégage de ce poème autobiographique écrit à la première personne, est que son auteure, habituée formellement aux poèmes de longueur moyenne, a éprouvé cette fois le besoin d’utiliser le poème très long (78 vers). La cause à l’origine de ce changement est qu’elle tente de faire un bilan de son existence d’adulte ; celle-ci se compose, selon ses dires, de deux étapes distinctes. La première était marquée par l’infortune et la cruauté du destin. Dans la seconde qui se poursuit au présent, elle a trouvé la quiétude et le bonheur. Cette division nette du parcours de la locutrice l’a aidée à bien traiter son texte esthétiquement et ce, en usant simultanément de deux procédés majeurs : la technique de la temporalité et la métaphorisation. Ainsi, pour mettre en évidence l’atrocité de la première étape et bien la séparer de la seconde, elle a utilisé le symbole de l’oiseau de mort et le flash-back, tandis que dans la deuxième étape qu’elle présente comme empreinte de bonheur, elle a choisi le symbole contraire du cygne et le temps présent.

La seconde remarque à faire est que tous les événements relatés ici se passent à l’intérieur de la locutrice, d’où le caractère purement psychologique du poème qui offre au lecteur une sorte d’auto-analyse introspective plongeant, d’abord, dans la mémoire pour réveiller des souvenirs obscurs douloureux formant un véritable cauchemar, ensuite dans l’esprit éveillé pour décrire les sentiments de bien-être et de sérénité que l’auteure éprouve au temps de l’énonciation.

Un poème magistral qui retrace admirablement une bonne partie de l’itinéraire individuel de la poétesse et qui séduit par l’originalité de ses images et la charge émotionnelle de ses mots.

 

Mohamed Salah Ben Amor

 

 couvlivreceuillirlesrosesdeloubli

Trois mots

Posté : 8 avril, 2023 @ 4:42 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, poèmes d'amour, Poèmes en français | Pas de commentaires »

ENCRE 29 (3)

Trois mots 

 

L’amour que je lui portais avait posé

une couronne impériale sur son front.

Il ne manquait à mon cœur aimant

que ces trois mots,

doux, chaleureux, profonds,

sésame obligé m’ouvrant

la porte bienheureuse de son âme…

L’aube avait déposé sur son corps

toute la beauté du monde.

L’ambre de sa peau

dispensait de soyeux reflets

sur le drap d’azur et d’aurore.

Le soleil s’y mirait,

jouant avec les ombres, les vallées,

les collines, et les monts,

les formes délicieuses et rondes

de son corps nu, fort, abandonné

à la douce flamme

de ma passion grandissante…

© Monique-Marie Ihry  – 28 juin 2020 -

(Illustration : encre de Chine de l’auteure)

Nuits de porcelaine, un nouveau recueil de poésie de Monique-Marie IHRY

Posté : 25 mars, 2023 @ 11:36 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, poèmes d'amour, Poèmes en français | Pas de commentaires »

COUVERTURE NUITS DE PORCELAINE 1ere

 

NUITS DE PORCELAINE

 

Ce nouveau recueil de Monique-Marie IHRY intitulé Nuits de porcelaine est composé de poèmes écrits sur le thème de la nuit, ce moment les amants se retrouvent enlacés dans une même passion. Qu’elles soient « de Sèvres », « de jade » ou « d’épines », ces nuits évoquent à la fois la beauté et la vulnérabilité du sentiment amoureux. Les bras de l’étreinte deviennent parfois éphémères, car un « je t’aime » suspendu à des lèvres gourmandes ne désire pas s’inscrire dans le futur. Sans promesses, les nuits acquièrent peu à peu la fragilité d’une porcelaine. Elles se fondent dans l’ébène des ténèbres, ont la dureté du jade ou se parent des épines de la rose…

La poète aime éperdument, vibrante de passion, elle joue de sa plume délicate, sensuelle, et conjugue le verbe aimer à tous les temps du possible. Rien ne parvient à briser son profond attachement envers l’amant qui demeure absent malgré ses ferventes prières. Comme l’on ne peut s’échapper de l’antre de la mort, la douleur perdure. L’absence de l’être aimé, la solitude, nous offrent des poèmes romantiques magnifiques d’aisance et de sensibilité.

Amour, mort, nature et beauté : un quatuor de charme faisant de cet ouvrage un nouvel écrin d’élégance.

 

Monique-Marie Ihry est sociétaire de la Société des Poètes Français. Elle a été récompensée par de nombreux grands prix. Notons parmi eux le Prix Jean Cocteau, le Prix Jacques Raphaël Leygues, le Prix Jean-Vincent Verdonnet, le Prix Paul Verlaine, le Prix Afal-Europoésie, le Prix Jean Bonicel, le Prix Monica Richon… Elle est également traductrice et lauréate du Prix François-Victor Hugo de traduction de la Société des Poètes Français.

 

Renseignements sur l’ouvrage :

 

© Cap de l’Étang Éditions™, 13 rue du Château, Capestang (34310), France

Bruno SALGUES/SIRET : 753 039 981 00026

Numéro éditeur : 978-2-37613

BNF : 17841

Gencod : 3019008245105

Site web : http://www.capdeletang.com

ISBN : 978-2-37613-173-1

EAN : 9782376131731

Code Thema : DCF

Code CLIL : 3633 Poésie

3638 Poésie Contemporaine

Auteure du texte : Monique-Marie Ihry

Illustrations : Monique-Marie Ihry, Encres de Chine

Réalisation de la couverture : Monique-Marie Ihry

Tableau de couverture :  Détail de « Jeune fille délivrant un oiseau de sa cage », tableau de Jean-Honoré Fragonard (1770-1775)

© Tous droits de reproduction et de traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous les pays

Dépôt légal : mars 2023

Nombre de pages : 144

Prix : 21 euros

 

COUVERTURE NUITS DE PORCELAINE 1ere

Formes vagabondes

Posté : 26 février, 2023 @ 2:16 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes en français | Pas de commentaires »

fantasmagorie I 30 40

Formes vagabondes 

 

Des gémissements semblaient émerger

des profondeurs de la mer.

Les flots s’ouvraient comme des fleurs d’ange

d’où paraissaient surgir des sons étranges,

des intonations susurrées,

murmurées, scandées en crescendo

dans    une    l o n g u e    plainte

émanant des profondeurs de l’antre liquide.

Des silhouettes vagues et cendre

entamant une transe démente

venaient fleurir la surface de l’onde

d‘obscures corolles aux formes vagabondes.

Augurant d’un mauvais présage,

les oiseaux avaient déserté le ciel.

Bientôt surgie des ténèbres,

une armée de nuages

poussés par l’élan furieux d’un galop sauvage

vint décharger les fracas de sa foudre

sur les fantômes endiablés

meurtrissant la peine des vagues.

Les formes vaines s’étiolèrent dans un mirage

sous la rage des larmes versées

par l’âme esseulée,

délivrée pour un temps

des songes étranges

gisant    dans    la    f a n g e

 

d u      s o u v e n i r …

 

© Monique-Marie IHRY – 29 septembre 2019 -

Poème extrait d’un recueil de poésie de l’auteure.

Toile de l’auteure intitulée « Fantasmagorie » (2016) – Huile sur toile 40 x 30 cm -

Une fleur à tes lèvres

Posté : 6 février, 2023 @ 11:52 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, poèmes d'amour, Poèmes en français | Pas de commentaires »

attenteromance1.jpg

Une fleur à tes lèvres

 

Un oiseau de lune amère

est venu cueillir une fleur à tes lèvres

à peine écloses au corail de l’amour…

De son bec, il picora la verte tige

du coquelicot de tes mots,

les reléguant à cette longue absence

dont le temps n’a que faire,

nourrissant mon cœur à l’enfer

sempiternel d’une douleur immuable.

Comme il vint,

l’oiseau tout simplement s’en fut

emportant la fleur exquise de tes mots

vers de doux rivages ignorés,

tournant bien malgré moi une page.

Avec lui, l’ange aux ailes de porcelaine

a rejoint son petit coin de paradis,

me délaissant aux rives de la peine,

ne me laissant que l’illusion d’un « je t’aime »

porté par un nuage aléatoire

dans un rêve suspendu à un fil,

comme la lune en suspens

dans un ciel d’infortune…

 

© Monique-Marie Ihry  – 5 mars 2021 -

(Extrait du recueil « Nuits de porcelaine » paru au printemps 2023 chez Cap de l’Étang Éditions))

 

 

L’adagio de l’hiver

Posté : 5 février, 2023 @ 3:40 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Nature, Poèmes en français | Pas de commentaires »

AU CHANT DE L HIVER 41 X 33

L’adagio de l’hiver

 

Léger, sans se presser,

un flocon descend du ciel

lentement, doucement

dans un silence de satin.

C’est l’adagio de l’hiver

qui fait danser les étoiles belles,

ces blanches étoiles de coton

se rejoignant doucement

sur le tapis blanc de l’hiver.

Un flocon descend du ciel

doucement, lentement,

dans le silence du matin,

puis un autre, une assemblée,

et tous rassemblés,

revêtent les allées

du parc du château

d’un ivoirin manteau.

Près de la grande cheminée

chante mon cœur

sous le charme retrouvé

des mots qui valsent,

tourbillonnent et virevoltent

comme des flocons de joie

dans l’adagio d’un bel hiver

immaculé…

 

© Monique-Marie Ihry  – 27 novembre 2017 -

(toile de l’auteure intitulée « Au chant de l’hiver » – huile sur toile 41 x 33 cm -)

Recueil Le divan du Tamarit / Diván del Tamarit de Federico García Lorca présenté et traduit en français par Monique-Marie Ihry

Posté : 26 janvier, 2023 @ 8:50 dans Poemas en español, poèmes d'amour, Poèmes en français, Traduction | Pas de commentaires »

COUVERTURE 1ERE TAMARIT LORCA 21 janvier 2023

Ce recueil est l’œuvre de la maturité. Le poète, tout en se positionnant dans un présent de rupture, d’avant-garde, élabore un nouvel ordre esthétique, tout en ayant le regard dirigé vers la tradition. L’écriture de cet ouvrage est à la croisée des chemins entre tradition et innovation. L’auteur nous offre une poésie riche de par son rythme, sa musicalité et des procédés stylistiques très variés, en un mot une écriture unique, une œuvre sans pareille. La plume du poète excelle dans l’art de jouer avec les formes, les répétitions de conjonctions, des strophes utilisées comme un refrain, des enjambements et des anaphores originales.

Le divan du Tamarit est également un espace propice au dialogue et à la réflexion. L’amour et la mort sont étroitement liés. Le premier poème « Gacela I de l’amour imprévu » donne le ton de l’ouvrage. Il s’agit de la recherche de l’amour perdu, de l’amour impossible, tu, occulte et plus précisément obscur. Quant à la mort, et pour ne citer que ces exemples, à la fin du recueil il y a ces enfants (Casida III des branches) au visage voilé qui attendent que « mes » branches (celles du poète) se brisent toutes seules dans le verger du Tamarit, et sous les roses tièdes du lit (Casida IV de la femme allongée) les morts gémissent en attendant leur tour. Il y a également la métaphore du squelette de la fillette (Casida V du songe en plein air) chevauchant le taureau.

Par ailleurs, l’amour est, et demeure en somme insatisfait, douloureux, compromis, même la rose (dans la Casida VII de la rose) cherche « autre chose », cet absolu dont on rêve et qui semble décidément inatteignable.

La poésie de Federico García Lorca demeure intemporelle, car elle nous permet de comprendre en partie ce monde troublé de sensations et cette perplexité dans laquelle nous évoluons au quotidien. Amour, mort, émotion…, sa poésie émeut, bouleverse, ébranle.

Le recueil Le divan du Tamarit, avec en toile de fond la ville de Grenade chère au poète et le jardin du Tamarit plus précisément, est une œuvre majeure sous le signe de l’amour et surtout celui de la mort. Amour et mort : deux notions indissociables lorsque la vie demeure impitoyable pour l’enfant, l’innocence bafouée, l’être incompris et meurtri.

La traductrice Monique-Marie IHRY a été récompensée par des grands prix de poésie, dont le Prix Jean-Vincent Verdonnet 2022, le Prix Paul Verlaine 2021, le Prix Visages du Nord 2021, le prix Jean Bonicel 2020, le prix Jean Cocteau 2020 de la Société des Poètes français dont elle est membre, le prix de traduction François Victor Hugo 2019 de la Société des Poètes français pour sa traduction en français de Langueur de la poète argentine Alfonsina STORNI avec un rappel de ce même prix en 2020 pour sa traduction de Inquiétudes sentimentales la poète chilienne Teresa WILMS MONTT.

Renseignements sur l’ouvrage :

Ouvrage bilingue espagnol-français

© Cap de l’Étang Éditions™, 13 rue du Château, Capestang (34310), France

Bruno SALGUES/SIRET : 753 039 981 00026

Numéro éditeur : 978-2-37613

BNF : 17841

Gencod : 3019008245105

Site web : http://www.capdeletang.com

ISBN : 978-2-37613-143-4

EAN : 9782376131434

Code Thema : DCF

Code Dewey : 841

Code CLIL : 3633 Poésie

3638 Poésie Contemporaine

Auteur du texte : Federico García Lorca

Présentation et traduction en français : Monique-Marie Ihry

Réalisation de la couverture : Monique-Marie Ihry

Tableau de couverture : « Il était une colline » (2018), huile sur toile 40 x 40 cm © Monique-Marie Ihry

© Tous droits de reproduction et de traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous les pays

Dépôt légal : janvier 2023

Nombre de pages : 96

Prix : 21 €

À la veillée

Posté : 15 janvier, 2023 @ 10:21 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes courts, poèmes d'amour, Poèmes en français, Prix de poésie | Pas de commentaires »

Nikolaï + 41 x 33 cm

À la veillée

(Sonnet)

 

Tes yeux sont un miroir, un lac azur paisible

Dans lequel se reflète un ciel peuplé d’oiseaux ;

Y vogue une caresse, et parmi les roseaux,

Le doux refrain venu d’une flûte invisible.

 

Ton cœur fleuri d’amour au-delà du plausible,

A la divine aura des jeunes damoiseaux ;

Poème étourdissant bientôt surgi des eaux

Révélant la candeur d’une aube intraduisible…

 

Tes lèvres sont un lac, une onde de bienfaits

Où d’éternels soupirs fleurissent satisfaits

Quand tu poses sur moi ton âme ensoleillée.

 

Ton corps est une harpe acquise à mon plaisir,

De ses cordes vibrant comme il plaît à loisir

Lorsque ton cœur serein m’accueille à la veillée…

 

@ Monique-Marie Ihry  – 30 avril 2022 -

(toile de l’auteure intitulée « Nikolaï » (2015) – huile sur toile 41 x 33 cm -)

Lamento

Posté : 10 décembre, 2022 @ 10:26 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes en français | Pas de commentaires »

VIGNES D'OCCITANIE I 80 x 40

Lamento

 

L’archet du temps faiblit. L’on ne perçoit bientôt

Dans le soir vieillissant qu’une longue plainte muette.

Les chênes aussi ont leur douleur secrète

Qu’ils pleurent d’une feuille au fil d’un lamento.

 

L’automne prend son temps, nous dicte sa froidure,

À vils renforts de vents, fait trembler les troncs morts,

Puis les grands arbres blonds au front couronné d’ors

S’inclinent à regret sans autre procédure…

 

L’on ne perçoit bientôt dans les sommets obscurs

Que des nuages hagards chevauchant la vallée,

Chassés par le Mistral dans la nuit brune allée ;

Ils galopent traqués par des souffles impurs.

 

La nature se meurt sous l’assaut de l’automne.

Un grand chêne gémit sur le bord du canal.

Blotti sur un côté, l’érable colossal

S’incline d’un silence et puis se pelotonne…

 

Sous peu, l’hiver viendra nous dicter sa vigueur

Et l’on ne verra plus des arbres que les branches,

Grandes, squelettiques comme de vieilles hanches

Agonisant tantôt sous l’auguste rigueur.

 

Il n’y a plus de plainte ou de douleur secrète,

La nature n’est alors qu’une tombe gisant

Sur un sol épuisé. Il n’est guère à présent

Que l’ombre d’une mort qu’une flûte interprète…

 

© Monique-Marie Ihry  – 10 décembre 2022 -

(toile de l’auteure « Vignes d’Occitanie I » – huile sur lin 80 x 40 cm -)

L’état de bête

Posté : 11 novembre, 2022 @ 8:34 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes en français, Réflexions diverses | Pas de commentaires »

PARIS II La mélancolie du cygne

En ce 11 novembre 2022, voici un poème sur la guerre, sa monstruosité, en hommage à toutes les victimes d’un pouvoir qui se veut absolu en dépit de tout…

L’état de bête

 

Y a-t-il une excuse à la monstruosité

commise par des humains hantés

par la cruauté sans cesse alimentée

par les démons d’une guerre

autorisant tous les pouvoirs ?

Les hommes connaissent-ils la culpabilité

Lorsqu’un enfant se meurt de peine ensanglantée,

que l’âme se débat avec l’horreur, la détresse

cimentée au plus profond du cœur pour l’éternité ?

Il n’est point de pardon pour effacer le crime

commis sur un enfant, une pauvre victime

malgré elle soumise au dictat d’un pouvoir

qui bombarde les maternités, les hôpitaux

et mutile la vie au berceau de l’innocence.

On ne peut qualifier d’humain la bête cruelle

dépourvue de raison, dont la soif rituelle

d’insuffler son venin se commue en devoir !

 

Certes, le soldat est contraint d’obéir

à un maître assoiffé de pouvoir.

Certes, il doit répondre à des ordres.

Mais lorsque le cœur orphelin déborde,

l’on se souvient des viols, des outrages, des horreurs

qui n’avaient pas été ordonnés…

On se souvient de ceux que l’on a aimés

et l’on pleure ces moments de grâce

à jamais disparus…

 

© Monique-Marie Ihry – 8 décembre 2020 -

(aquarelle de l’auteure intitulée « La mélancolie du cygne »)

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