Celle qui comprend
CELLE QUI COMPREND…
La tête noire vers l’avant penchée,
Une femme belle d’âge moyen,
À genoux prostrée, et un Christ agonisant
Depuis son bois dur qui la regarde avec pitié.
Dans son regard, le poids d’une infinie tristesse,
Et dans la poitrine, le poids de l’enfant à naître,
Au pied du Christ blanc ensanglanté, elle prie :
− Seigneur, faites que mon enfant ne naisse pas femme !
© Poème extrait du recueil de poésie de la poète argentine Alfonsina Storni (1892-1938) intitulé Langueur (Languidez) paru en 1920 et traduit par Monique-Marie Ihry, Collection Bilingue n° 5, Éditions Cap de l’Étang, 2019.
Pour la parution de ce recueil Langueur, Alfonsina Storni a reçu en 1920 le 1er Prix de Poésie de la ville de Buenos Aires en Argentine.
Monique-Marie Ihry a reçu quant à elle le Prix de traduction François-Victor Hugo de traduction de la Société des Poètes Français en 2019 pour la traduction de Langueur.
LA QUE COMPRENDE…
Con la cabeza negra caída hacia adelante
Está la mujer bella, la mediana edad,
Postrada de rodillas, y un Cristo agonizante
Desde su duro leño la mira con piedad.
En los ojos la carga de una enorme tristeza,
En el seno la carga del hijo por nacer,
Al pie del blanco Cristo que está sangrando reza:
—Señor, el hijo mío que no nazca mujer!
© Alfonsina Storni
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