le droit d’être
Le droit d’être
L’exil,
cette contrée imaginaire entre Angoisse et Néant,
celle dont on rêve ‒ car l’on ne peut faire autrement ‒
à laquelle on s’accroche désespérément,
comme une étoile au soir
agrippée vainement à ses rêves,
en priant avec ferveur la clémence du maître céleste
de bien vouloir faire en sorte
que la terre d’accueil ne soit pas
un unique et simple
mirage.
Exil, rage,
errance sur les sentiers escarpés
des montagnes hostiles,
solitude de l’être abandonné au sort
édicté par le fascisme souverain
régnant sur les cœurs fébriles
et cependant résistants à l’ignominie
du destin,
exil, dernière espérance
de pouvoir continuer à vivre jusqu’au bout des songes,
tout en priant pour que les êtres chers
ne succombent pas avant
leur délivrance,
cruelle absence
de ceux qui sur la terre mère sont restés,
blessés, torturés dans leur âme, dans leur chair,
avant de périr sous les balles
meurtrières…,
prière,
dernier recours adressé à l’Éternel
pour une paix salutaire, une légitime dignité :
le droit d’être, tout simplement !
© Monique-Marie Ihry – 29 septembre 2020 –
(Extrait de mon recueil « Les rimes interdites » paru en 2021 aux Éditions Cap de l’Étang)