Dans le Jardin des mots

Archive pour février, 2022

La belle assoupie

Posté : 25 février, 2022 @ 6:11 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes en français | Pas de commentaires »

La belle assoupie

Sur un vieux fauteuil, dans un coin du salon,

dormait une guitare.

Depuis combien de temps

n’avait-elle pas été caressée

d’une main douce et impatiente

sachant lui soutirer

des notes enflammées et soupirantes ?

Depuis combien de temps dormait-elle

abandonnée sur ce fauteuil élimé

exposée aux poussières du temps

et de l’oubli des jours heureux ?

Ainsi rêvait la belle endormie,

dans sa robe de chêne et d’harmonie,

la hampe nonchalamment inclinée

sur le dossier d’un velours de Gènes suranné

dans le souvenir des jours à deux

où, doucement, l’on caressait encore

de notes ses cordes en demande,

obtenant d’elle soupirs à foison

et tendres pâmoisons.

Dans un crescendo de soupirs éveillés

et de plaintes renaissantes décuplées,

elle se laissait aller au flamenco

de doigts agiles et savants

sachant triompher de sa peine

d’être ainsi depuis trop longtemps

reléguée à l’oubli, délaissée,

comme un vieux meuble poussiéreux

dans le coin d’un salon abandonné…

@ Monique-Marie Ihry – 6 février 2022 ‒

Abus de pouvoir

Posté : 23 février, 2022 @ 12:44 dans Poèmes en français, Réflexions diverses | Pas de commentaires »

PARIS II La mélancolie du cygne

Abus de pouvoir

 

La Terre est un oiseau blessé,

son aile brisée la prive d’espérer

pouvoir encore s’évader

vers un ciel bienveillant.

La paix ressemble désormais

à cette lointaine étoile

dans l’illusoire d’un firmament

exempt d’empathie.

Le covid s’est installé,

a semé l’angoisse,

pris ses aises.

Mais cela n’a pas suffi aux hommes,

certains ont réinventé, perpétué la guerre,

comme si l’on n’avait pas oublié

les souffrances imposées aux familles

décimées et meurtries

au plus profond de leurs âmes

au cours de l’histoire de l’Homme

et de l’humanité…

 

Les hommes, les oiseaux

espèrent encore s’enfuir,

poursuivent une chimère,

d’autres, plus conscients,

esquissent un signe de croix

ou se prosternent

ignorant la poterne

dans leur dos.

 

La Terre se meurt,

les hommes se querellent.

Comme toujours, certains médisent,

épris de liberté

se battent pour un pass,

se vantent de le renier,

en achètent un faux sur le Net

en toute discrétion

pour continuer à aller au restau

au ciné, n’importe où

comme bon leur semble,

maudissent les vaccinés,

et d’autres envient

la nouvelle voiture du voisin…

 

Oiseaux sans ailes,

des enfants sont battus,

humiliés, violentés, violés

au sein de familles confinées

dans l’exigu de l’intimité.

Comme toujours, des familles se tiraillent

pour un héritage ou pour un rien,

les politiques déraillent

essaient de se tailler une bonne part

dans le festin d’une présidence

tous les cinq ans miroitée.

 

Mais le covid se moque

de ces « petites » choses

insignifiantes régissant la cité

des fourmis minuscules

et affolées que nous sommes.

Le virus frappe toujours ici et là,

avec moins de virulence il est vrai.

Avec pugnacité,

et ‒ comme si cela ne suffisait pas ‒

des canons se positionnent

et postillonnent leurs boulets d’acier

aux portes de la souffrance

afin d’asseoir la puissance

d’un seul être en mal

de pouvoir… !

 

© Monique-Marie Ihry   – 23 février 2022 -

(Aquarelle de l’auteure intitulée « Au chant du cygne » faisant partie d’un ouvrage illustré)

 

Comparecencia/ Comparution, poème de José María Molina Caballero traduit en français

Posté : 14 février, 2022 @ 9:57 dans Poemas en español, Poèmes en français, Traduction | Pas de commentaires »

Je vous propose aujourd’hui ce très beau poème du grand poète et éditeur espagnol José María Molina Caballero, traduit par mes soins à sa demande, et faisant partie du recueil « Medidas cautelares/ Mesures préventives » paru en novembre 2021 aux Éditions Ánfora Nova, de Rute (Espagne).

 

COMPARUTION

 

Les arêtes de la peur murmurent

dans le cortex de nos oreilles,

et pénètrent dans la mer vulnérable

qui s’incruste dans les tympans de givre

de la défaite qui nous brise, contraint au silence

comme des vitres sans lumière ni horizon.

Tes yeux indécis comparaissent

comme témoins aveugles des ombres.

*

COMPARENCENCIA

 

Las aristas del miedo nos susurran

en las cortezas de nuestros oídos,

y penetran en el mar vulnerable

que se incrusta en los tímpanos de escarcha

del fracaso que nos rompe y silencia

como cristales sin luz ni horizonte.

Tus ojos indecisos comparecen

como testigos ciegos de las sombras.

 

© José María Molina Caballero

(Extrait du recueil de poésie Medidas cautelares, Anfora Nova, Rute, 2022)

 

Aller sans retour…

Posté : 12 février, 2022 @ 5:15 dans poèmes d'amour, Poèmes en français | Pas de commentaires »

Aller sans retour…

 

Un ami part,

un enfant naît,

le soir se meurt

et déjà le soleil luit

quelque part…

© Monique-Marie Ihry    – 12 février 2022 -

N u i t

Posté : 9 février, 2022 @ 3:15 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes en français | Pas de commentaires »

fantasmagorie I 30 40

                     Nuit 

 

   Des chevaux parcouraient la nuit

                    à grandes enjambées.

Poussés par le vent de l’agonie,

ils chevauchaient les cieux,

pourfendaient l’acier des nuages

avec leur museau de grise écume.

   Brune était la nuit,

brumes les feuilles flétries

sur la terre d’automne et d’ombre,

sombre mon cœur

                   dans la tempête du souffrir

nourri au désespoir de l’automne

à force de croire en l’impossible,

entraîné bien malgré lui

dans la cavalcade des cieux

                   où la raison se perd à force de rêver,

                   où le cœur se pâme à force d’espérer

le retour d’une accalmie

sur l’amer de l’âme délaissée.

   Des chevaux parcouraient la nuit

                   à grandes enjambées,

des chevaux en furie

                   tout comme mon cœur

                   voué à l’agonie

dans la nuit annoncée

                   de l’âme abandonnée.

 

@ Monique-Marie Ihry  -  1er février 2022  -

(Illustration : toile de l’auteure : « Fantasmagorie » (2015) – huile sur lin 40 x 30 cm -)

 

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