« Tir amical » (Fuego amigo), poème de José Maria Molina Caballero
Je vous propose aujourd’hui ce très beau poème du grand poète et éditeur espagnol José María Molina Caballero, traduit par mes soins à sa demande, et faisant partie du recueil « Medidas cautelares/ Mesures préventives » paru en novembre 2021 aux Éditions Ánfora Nova, de Rute (Espagne).
Il est intitulé «Tir amical» (Fuego amigo).
TIR AMICAL
Tes yeux me mitraillent sans repos
à mesure que le soir a raison de moi.
Le feu se répand dans les orifices
de mes blessures et parcourt lentement
les pores de ma peau et de mon sang,
dans les fosses de cette peur que suppure
ton regard assassin d’horizons,
et les couteaux hostiles qui égorgent
les abîmes de la lumière et de la vie.
Le métal tranchant de tes lèvres
parcourt chaque sillon de mon corps,
s’arrête sur mes jambes, mes hanches,
ma poitrine et, ensuite, parvient jusqu’à mon ombre
furtivement et la brise en mille morceaux.
Et sans mesurer tes mots, tes tirs
façonnent leur victoire sans appel.
* * * * * * * * * *
FUEGO AMIGO
Tus ojos me disparan sin descanso
al compás de la tarde que me rompe.
El fuego se derrama entre los huecos
de mis heridas y recorre lento
los poros de mi piel y de mi sangre,
en las fosas del miedo que supura
tu mirada asesina de horizontes,
y los hoscos cuchillos que degollan
los abismos de la luz y la vida.
El metal afilado de tus labios
recorre cada surco de mi cuerpo,
se detiene en mis piernas, mis caderas
mi pecho y, luego, llega hasta mi sombra
con sigilo y la rompe en mil pedazos.
Y sin mediar palabra, tus disparos
construyen su victoria inapelable.
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