Vers d’autres cieux
Vers d’autres cieux
L’aurore avait semé des perles de rosée
sur la plaine endormie abandonnée au temps
d’un jour endolori que le jeune printemps
tardait à honorer de sa beauté rosée.
Les billes scintillaient sur l’herbe apposée.
Une brume éthérée au loin près de l’étang,
et dans le souvenir, les parfums entêtants
de nos éveils gourmands, de cette nuit osée…
Peu à peu, les iris sur le bord du chemin,
dans leur corolle en fête à l’odorant carmin
vinrent fleurir les prés, consacrer chaque chose.
Mais tu n’étais plus là, voguant vers d’autres cieux
où la vie n’a plus cours, quand la mort pour les dieux
est le plus bel écrin où le regret se pause…
La saison automnale exhibait sa douleur.
Les arbres de l’étang libérèrent leurs feuilles,
les confiant aux souffles des vents forts qui endeuillent.
La plaine et ses moutons se noyaient dans leur pleur.
La montagne efflanquée arborait sa pâleur.
Seuls des troncs clairsemés que les autans défeuillent
semblaient agenouillés tels les J se recueillent,
dominant les grands prés dépourvus de chaleur.
Je me mis en chemin vers ta couche endormie
dont le marbre gelé mendiait une accalmie,
dans le froid de la nuit où se flétrit le cœur…
Sur la tombe chérie où ton âme repose,
je posai un baiser, une prière, une rose
que les chênes veillant sanctifièrent en chœur…
© Monique-Marie IHRY 26 février 2021
(illustration de l’auteure faisant partie du recueil de poésie « Délices » paru en 2018)