Ad vitam
Ad vitam
Il paraissait las, soucieux.
Rien ne semblait en mesure de tempérer
les pensées séquestrant son sourire quotidien.
L’amour était emmuré dans son cœur
soumis au martyre d’une réflexion délétère.
Le souvenir le tenait prisonnier,
lui faisant revivre l’horreur
et rien, ni mes attentions ni mes mots
ne pouvaient l’extraire de sa douleur
cadenassée par les chaînes d’une rancœur
nourrissant longuement les divers maux
de l’âme.
Les coups, les injures, l’abominable,
fendaient encore de grands sillons son front.
Sa mémoire y avait un jour semé
les germes féconds d’une souffrance
tenace, indélébile, meurtrière,
qu’un ressentiment rebelle à la délivrance
semblait préserver ad vitam.
© Monique-Marie Ihry — 24 juillet 2020 —
(toile de l’auteure : « Pareja I » (2015) - huile sur lin 60 x 60 cm -)