8 mars, en cet unique jour annuel consacré au respect du droit des femmes en tant qu’être humain à part entière, je vous propose ce poème que j’ai traduit en français dans un ouvrage à paraître, poème de la poète féministe Argentine Alfonsina STORNI issu de son recueil « Irrémédiablement » paru en 1919. Le thème ? la condition féminine dans une société régie depuis toujours par le patriarcat.
IL SE POURRAIT…
Il se pourrait que tout ce dont j’ai hérité
Ne soit rien d’autre que ce qui n’a jamais pu exister,
Ne soit rien d’autre que quelque chose d’interdit et de réprimé
De famille en famille, de femme en femme.
On dit que dans ma famille, mesuré
Était tout ce qui devait être fait…
On dit que les femmes du côté maternel
Ont été silencieuses… Ah, il se pourrait que cela soit vrai…
Il est arrivé à ma mère d’avoir le caprice
De vouloir se libérer, mais une profonde amertume
Montait dans son regard et, dans l’ombre, elle pleurait.
Et tout ce qui la blessait, la contraignait, la mutilait,
Tout ce qui, dans son âme enfermé se trouvait,
Je pense, sans le vouloir, l’avoir libéré.
BIEN PUDIERA SER…
Pudiera ser que todo lo que aquí he recogido
No fuera más que aquello que nunca pudo ser,
No fuera más que algo vedado y reprimido
De familia en familia, de mujer en mujer.
Dicen que en los solares de mi gente, medido
Estaba todo aquello que se debía hacer…
Dicen que silenciosas las mujeres han sido
De mi casa materna… Ah, bien pudiera ser…
A veces en mi madre apuntaron antojos
De liberarse, pero, se le subió a los ojos
Una honda amargura, y en la sombra lloró.
Y todo eso mordiente, vencido, mutilado,
Todo eso que se hallaba en su alma encerrado,
Pienso que sin quererlo lo he libertado yo.
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(Toile de l’auteure intitulée « Adieu » huile sur toile 55 x 46 cm / Óleo sobre tela )