Dans le Jardin des mots

Archive pour mai, 2018

« Orée d’une éternité », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 5 mai, 2018 @ 11:37 dans Critique littéraire, Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes en français | Pas de commentaires »

ENCRE 29 (3)

Orée d’une éternité

 

Je vis éclore sur ses lèvres

Les prémices d’un bleu sourire,

Rose en porcelaine de Sèvres,

Délicatesse d’un porphyre…

Je crus accéder aux cieux.

Poussée par les ailes de l’aube,

Portée par l’air mélodieux

Que la lyre aux âmes dérobe,

Délivrée d’une cécité,

Un espoir embrasa mon cœur.

J’entendis s’élever un chœur

À l’orée d’une éternité…

 

Monique-Marie Ihry – 25 avril 2013 -

Extrait du recueil de poésie Délices, Éditions Mille-Poètes en Méditerranée, Narbonne, 2013

Illustration de l’auteure

* * *

Dans un écrit littéraire, qu’il soit poétique ou en prose, ce ne sont pas les sens dénotatifs, référentiels et apparents qui intéressent  le lecteur averti mais les sens symboliques inconscients qui  lui font découvrir  le tréfonds de l’auteur. À  ce niveau-là, la locutrice se présente dans ce texte de deux manières différentes : tantôt comme objet/patiente/rhème respectivement  au sens grammatical, sémantique et pragmatique de chacun de ces termes (poussée – portée – délivrée – embrasa mon cœur), tantôt en position d’observatrice ou de réceptrice passive  (je vis éclore j’entendis s’élever), c’est à dire dans une  situation semblable à celle d’un bébé dans son  berceau ou d’un passager dans une barque. Pour ce qui est de la première position, elle fait référence au sentiment d’être protégée contre les imprévus de la vie et d’être choyée par son entourage immédiat. Quant à la seconde, elle indique le passage d’une rive  malsaine ou  peu accommodante (délivrée d’une cécité)  à une autre édénique et enchanteresse (accéder aux cieux  s’élever un chœur à l’orée d’une éternité les ailes de l’aube l’air mélodieux – espoir) où elle jouit de ce qui lui a toujours tourné le dos : l’Amour  (Je vis éclore sur tes lèvres / Les prémices d’un bleu sourire, / Rose en porcelaine de Sèvres, / Délicatesse d’un porphyre). Ainsi, c’est une partie d’elle-même  ou, si l’on veut,  sa « vieille peau » qu’elle laisse sur l’autre rive pour  en endosser une autre tout à fait nouvelle.

Pour ce qui est du style, la poète est, comme d’habitude, toujours égale à elle-même  avec la forte présence de son cachet spécifique qui allie un néoromantisme exquis et un existentialisme croyant très profond.

Mohamed Salah Ben Amor

 

 

 

« D’un souffle », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 5 mai, 2018 @ 11:32 dans Critique littéraire, Extraits de recueils de poésie de l'auteure, poèmes d'amour, Poèmes en français | Pas de commentaires »

 

Très las, il s’assoupit dans un souffle serein.

Son corps voluptueux reposait sur le drap

De soie rose. Il mettait en valeur son teint

Perle de rosée au velours très délicat.

 

J’eus soudain envie de lui offrir un baiser,

De caresser ses hanches, son corps désirable,

Mais décidai de le laisser se reposer

Sous le regard heureux de mon amour affable.

 

Je veillais sur son repos lorsque vint l’aurore,

Il pencha sur mon cœur un regard amoureux,

Me couvrit de baisers dont il me plaît encore

À me remémorer lorsqu’en mon cœur il pleut…

 

Monique-Marie Ihry – 27 avril 2013 -

Extrait du recueil de poésie Délices, Éditions Mille-Poètes en Méditerranée, Narbonne, 2013, réédition juin 2018

* * *

 

Dans ce poème d’amour, deux remarques retiennent notamment notre attention : la première, au niveau du thème, est la différence énorme entre le comportement de la femme et celui de l’homme en amour. Cela se voit dans la maîtrise qu’exerce la locutrice sur son désir lorsque son compagnon est en train de dormir,  tandis que celui-ci ne se fait pas prier  pour passer directement à l’action et entrer dans le vif du sujet. Freud a expliqué cette différence par le fait que l’un des caractères spécifiques de la nature féminine est la réceptivité à laquelle il  a opposé l’intrusion chez le mâle. Et de ces deux modes de comportement résulte la complémentarité et l’harmonie entre les deux sexes.

Au niveau stylistique, ce texte vaut surtout par son rythme  mental généré par cette opposition pertinente entre les comportements des deux partenaires et par le tableau horizontal englobant les deux images de l’homme et des draps,  brossé à coups de pinceaux  par le biais d’une description visuelle. D’autre part, une intertextualité minime avec  l’un des plus fameux poèmes de Verlaine  se fait sentir  dans le dernier vers « À me remémorer lorsqu’en mon cœur il pleut » qui  me rappelle ces  deux autres vers de Monique-Marie :

Vous étiez beau Monsieur sur le pas de la gare

Lorsque je vous  vis un jour  au seuil de mon cœur[1]

 

Verlaine avait dit :

 

Il pleure dans mon cœur  

Comme il pleut sur la ville 

 

Artistiquement parlant, ce poème est un vrai bijou !

 


[1] Rendez-vous manqués, IchraQ Éditions, 2011, p. 17.

« Juste un baiser », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 5 mai, 2018 @ 11:26 dans Critique littéraire, Extraits de recueils de poésie de l'auteure, poèmes d'amour | Pas de commentaires »

Encore un baiser sur mes lèvres déposé

Dans la rosée de cette aube, un baiser de rose

Posé doucement sur mes paupières closes

Offertes à ta ferveur dans un hiver rosé

 

Un baiser étoilé sur mon cœur embrasé

Un délicat souffle de lune que je n’ose

Espérer encore, un tendre murmure en prose

Poétisé dans le crépuscule apaisé

 

Juste encore un baiser sur mes lèvres en attente

Un message de vie, une douce promesse

Un poème prosé, délicate caresse

 

Sur le silence installé de mon âme aimante

Un ultime baiser qui consacre l’instant

Défie les temps défunts d’un amour pénitent

 

©  Monique-Marie Ihry    – 1er mars 2012  -

 

Critique du Pr. Mohamed Salah Ben Amor :

Ce qui retient  tout particulièrement l’attention dans ce sonnet est, en premier lieu, l’accumulation de comparants surprenants imaginés par la poétesse pour décrire le baiser (un délicat souffle de lune ‒ un tendre murmure en prose poétisé ‒  un message de vie ‒ une douce promesse ‒ un poème prosé ‒  délicate caresse, …). Un autre point non moins fort est l’usage massif de sonorités sous forme d’assonances répétant le mot baiser ou résonnant comme des échos (déposées rosée baiser posé  poétisé apaisé baiser prosé, …). Et, à  notre avis, la poétesse n’aurait jamais pu réussir à élever son texte à ce haut degré de poéticité si elle n’était pas partie d’une expérience réelle vécue.

 

« Lorsque le jour épouse le crépuscule » commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 5 mai, 2018 @ 11:11 dans Critique littéraire, Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes courts, Poèmes en français | Pas de commentaires »

Lorsque le jour épouse le crépuscule

Lorsque le jour épouse le crépuscule,
que la nuit semble enfin capturer
dans ses filets
une infime étoile de vie,
le monde s’endort
confiant son sort à l’horloge du temps,
remet à demain ses espoirs latents,
essaie de clore un instant son regard
sur l’injustice, la misère en ce monde,
prie pour que cessent enfin les guerres
et tente de croire à nouveau
en l’Homme…

© Monique-Marie Ihry – 20 février 2015

 

Commentaire du Pr. Mohamed Salah Ben Amor :

 

Partant de la dualité : jour/nuit dont les éléments s’opposent sur plusieurs plans, l’auteure de ce poème fait pencher la balance au profit du deuxième cité, en le faisant occuper presque la totalité de l’espace sémantique du texte ( de « que la nuit semble enfin… » au 2ème vers  à l’ultime vers), et ce en raison de sa manière de voir le monde en tant que femme , sachant que la nuit est un espace temporel propice à l’éveil des facultés spécifiquement féminines telles que la réceptivité et l’intuition et en tant que poète, du fait que la nuit est un symbole archétypal connotant l’inconscient donc  lui offre l’occasion de plonger profondément dans son intérieur. Et le résultat de cette fuite en arrière est une vision panoramique du monde  mettant à nu la réalité amère qui y règne et qui prend  de plus en plus un aspect cauchemardesque (injustice, misère, guerres). Mais grâce à son regard foncièrement optimiste, la poète se ressaisit et ne se laisse pas gagner par le désespoir, ce qui se traduit par cette clôture  rassurante qui laisse malgré tout  la porte ouverte à la possibilité de jours meilleurs « prie pour que cessent enfin les guerres/et tente de croire à nouveau). Un poème concis mais plein de significations profondes et pertinentes.

« Ne serait-ce »

Posté : 5 mai, 2018 @ 10:58 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, poèmes d'amour, Poèmes en français | Pas de commentaires »

Ne serait-ce

 

L’amour est revenu aux portes de la vie

Fleurir mon cœur flétri, fané aux longs hivers.

Dans le vase les fleurs, joli bouquet de vers

Font éclore à nouveau mon âme inassouvie.

 

L’amour s’est installé aux portes de mon cœur,

Je veux y croire encore au seuil de la vieillesse,

Délivrée de l’oubli, renaître à ma détresse,

M’immoler dans ses bras sur l’autel du bonheur.

 

L’amour est revenu ne serait-ce qu’un moment

Fleurir mon espérance, et si cela ne dure

Que le temps d’un printemps, peu importe l’augure

Je veux mourir d’amour ne serait-ce qu’un instant !

 

©  Monique-Marie Ihry    -  18 novembre 2014  -

 

 

« L’ultime rime »

Posté : 5 mai, 2018 @ 10:53 dans Poèmes en français | Pas de commentaires »

L’ultime rime

 

Le poète rêveur s’en va dans les allées

Promener sa langueur, côtoyant les feuillées.

Il titube parfois sous le poids de son cœur.

Il est seul, il a froid dans le jour qui se meurt.

Ses enfants sont partis dès leurs vertes années

Rejoindre le grand pont donnant sur les vallées

Écloses à la promesse, au chant du devenir.

Le poète esseulé, aux vers sans avenir

Sous la lune vieillie s’en va par les allées

Promener sa langueur, sa jeunesse fanée.

Sous le poids de son cœur il succombe parfois

Priant pour retrouver bientôt comme autrefois

Le charme d’un quatrain, l’ivresse d’une rime

Posée sur une page, à deux pieds de l’abîme

Où gît le souvenir et se flétrit son cœur…

Une larme surgit empreinte de rancœur,

Le poète se noie dans l’encre de sa peine

Et par-delà le pont où coule une fontaine

On y voit ses espoirs dans la pleine fleurir,

Et l’on entend bientôt dans la bise périr

Une dernière rime au chant du crépuscule.

Le poète se meurt, titube funambule

Sous le souffle du soir, puis l’on entend au loin

Rythmé par le destin, sonner d’un glas, sa fin…

 

©   Monique-Marie Ihry    -  Lamalou-Les-Bains, 5 mai 2015  -

 

 

« Au chant du crépuscule »

Posté : 5 mai, 2018 @ 10:47 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes en français | Pas de commentaires »

Au chant du crépuscule

 

Dans la campagne seule abandonnée au vent

Le lys au front rêveur, ultime survivant

D’un bel été se penche au chant du crépuscule,

Respire les parfums que le soir véhicule

Avant de s’incliner, le port altier bien las

Vers le sol maculé de feuilles sans éclat.

L’automne dans le ciel estompe de sa brume

Les astres lumineux. La lune se consume

Peu à peu, s’éteignant bientôt sous l’horizon

Rompue au soir couchant, flétrie, en pâmoison,

Attendant de renaître à l’aurore promise.

Les arbres balancés à la courbe soumise

Gémissent en silence à la nuit, endurant

Leur souffrance, implorant un repos, murmurant

Une plainte chétive, une larme chantée

Enfantée par le cœur dans la nuit tourmentée.

Dans la campagne seule malmenée par le vent

Le lys au front mourant tourné vers le Levant

S’incline avec respect dans une révérence

Décline sa beauté et sa magnificence

Dans un dernier soupir au chant du crépuscule

Et puis se meurt enfin sans autre préambule.

 

© Monique-Marie Ihry    -  Lamalou-les-Bains, 22 avril 2015 -

 

Poème court 2970

Posté : 4 mai, 2018 @ 3:42 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes courts, Poèmes en français | Pas de commentaires »

le-baiser-detail

L’amour est un oiseau majestueux et beau

s’évadant à tire-d’ailes par-delà les vagues de l’existence…

vers des nuages posés par l’Éternel

sur l’infini des rêves…

© Monique-Marie Ihry – 13 février 2018 -

Extrait d’un recueil de poésie de l’auteure

12
 

Au fil des mots |
Entre deux nuages |
Lectures d'haabir |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | j'ai "meuh" la "lait"cture
| Les Chansons de Cyril Baudouin
| Malicantour