« NON ! », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor
NON !
Chaque 31 décembre je me demande
si je prendrai de nouvelles résolutions pour l’année à venir.
Deviendrai-je une sylphide au corps svelte ?
Arriverai-je à faire enfin un régime
qui me rendrait les formes rêveuses de mes vingt ans ?
Deviendrai-je à nouveau la cuisinière hors pair que j’ai été ?
Parviendrai-je à être un puits d’insouciance
une montagne d’égoïsme
un abîme d’inconscience
prenant le temps de me pencher à loisir
sur mon ego embourgeoisé ?
Eh bien NON !
Je renonce à ce régime futile
prôné par des magazines vendeurs de rêves dérisoires.
Je m’entête à ne plus faire de prouesses quotidiennes inutiles
et dispendieuses en cuisine,
cet art m’est acquis, je le réserve aux gens que j’aime.
Je m’insurge contre la misère
qui décime les peuples affamés
désole les mères aux seins maigres taris
au ventre efflanqué fécond d’orphelins en puissance.
Je m’inscris en faux contre cette pauvreté
qui croît au fil des ans
décuple, se multiplie au centuple.
Je me révolte contre les guerres
fomentées depuis la nuit des temps
par une poignée d’intérêts particuliers
au détriment de l’intérêt général.
Comment pourrais-je devenir un monstre d’égoïsme
cultiver l’insouciance
me nourrir de futilités, d’inconscience ?
Je VEUX poser les fondations
d’un temple de sérénité sur ce monde tangible
avec des mots d’Amour, de Paix
que je destine aux oubliés des Puissants
aux dissidents
aux indigents
aux sans-abris
aux âmes seules
aux malades sans soins
aux orphelins de cette guerre du Pouvoir
qui creuse à son gré et davantage chaque jour
de-ci, de-là,
la tombe de millions d’innocents !!!
Déposons les mots généreux et désintéressés
de notre cœur sur un sol fertile de justice,
érigeons ENSEMBLE les murs d’une cathédrale,
d’un temple, d’une mosquée, d’une synagogue
qui consacreront un chant d’espoir
s’élevant dans un ciel d’AMOUR, de PAIX
sur le toit d’un monde apaisé
dans la lumière sereine d’un jour nouveau
SANS GUERRE et SANS MISÈRE !
Monique-Marie Ihry – 1er janvier 2011 -
* * *
Ce cri fort contre les exactions perpétrées par les soi-disant grands et qui ne cessent d’entraver la marche de l’humanité vers des horizons plus sereins ne me surprend guère de la part d’une poétesse dont les préoccupations ont été presque toujours personnelles. En effet, les hautes valeurs, qu’elles soient subjectives ou objectives, forment un tout…
Ce qui plaît le plus dans ce poème est le ton empreint de sincérité et de spontanéité. Quant aux métaphores, elles n’ont pas de place dans ce genre de poésie parce que le réel décrit dépasse de très loin l’imaginaire.
Un poème à traduire absolument.
Mohamed Salah Ben Amor
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