« D’un souffle », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor
Très las, il s’assoupit dans un souffle serein.
Son corps voluptueux reposait sur le drap
De soie rose. Il mettait en valeur son teint
Perle de rosée au velours très délicat.
J’eus soudain envie de lui offrir un baiser,
De caresser ses hanches, son corps désirable,
Mais décidai de le laisser se reposer
Sous le regard heureux de mon amour affable.
Je veillais sur son repos lorsque vint l’aurore,
Il pencha sur mon cœur un regard amoureux,
Me couvrit de baisers dont il me plaît encore
À me remémorer lorsqu’en mon cœur il pleut…
Monique-Marie Ihry – 27 avril 2013 -
Extrait du recueil de poésie Délices, Éditions Mille-Poètes en Méditerranée, Narbonne, 2013, réédition juin 2018
* * *
Dans ce poème d’amour, deux remarques retiennent notamment notre attention : la première, au niveau du thème, est la différence énorme entre le comportement de la femme et celui de l’homme en amour. Cela se voit dans la maîtrise qu’exerce la locutrice sur son désir lorsque son compagnon est en train de dormir, tandis que celui-ci ne se fait pas prier pour passer directement à l’action et entrer dans le vif du sujet. Freud a expliqué cette différence par le fait que l’un des caractères spécifiques de la nature féminine est la réceptivité à laquelle il a opposé l’intrusion chez le mâle. Et de ces deux modes de comportement résulte la complémentarité et l’harmonie entre les deux sexes.
Au niveau stylistique, ce texte vaut surtout par son rythme mental généré par cette opposition pertinente entre les comportements des deux partenaires et par le tableau horizontal englobant les deux images de l’homme et des draps, brossé à coups de pinceaux par le biais d’une description visuelle. D’autre part, une intertextualité minime avec l’un des plus fameux poèmes de Verlaine se fait sentir dans le dernier vers « À me remémorer lorsqu’en mon cœur il pleut » qui me rappelle ces deux autres vers de Monique-Marie :
Vous étiez beau Monsieur sur le pas de la gare
Lorsque je vous vis un jour au seuil de mon cœur[1]
Verlaine avait dit :
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville
Artistiquement parlant, ce poème est un vrai bijou !
[1] Rendez-vous manqués, IchraQ Éditions, 2011, p. 17.
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