« Bleuets », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor
Bleuets
Sur le berceau de l’eau fleurissaient des bleuets.
Ces fleurs avaient d’azur les pétales fluets,
Leur parfum exhalait une fragrance bleue
Qui diffusait dans l’aube un reflet bienheureux.
Un amour s’installait sur l’étang endormi
Et le cœur en éveil s’enivrait d’infini…
Monique-Marie Ihry – 2 juillet 2012 -
* * *
« Tout comme le mini-poème qui l’a précédé, celui-ci s’inscrit dans la même lignée romantique et symbolique. La teinte romantique qui est la plus évidente s’illustre dans l’accord harmonieux total entre, d’un côté les éléments mis en action appartenant au monde naturel ou spatial, selon les termes de Bergson, (bleuets – eau – azur – parfum – aube) et de l’autre entre l’être humain (cœur en éveil) et l’ensemble de ces éléments ainsi que l’univers qui les englobe. Cet accord, pareil à une mélodie visuelle et olfactive, crée une atmosphère paradisiaque propice à l’extase et à la béatitude (un reflet bienheureux – le cœur en éveil s’enivrait d’infini, …).
Si nous tentons maintenant de saisir les significations exprimées au niveau illocutoire ou des structures profondes, nous remarquons que trois éléments (eau ‒ fleur – parfum) ont en commun l’appartenance symbolique à l’univers féminin et leur action génératrice, l’eau étant associée à tout ce qui est vital, la fleur à la reproduction de la plupart des plantes et le parfum à l’exubérance et à la récupération des forces. D’autre part, l’action bénéfique de ces éléments ne s’est pas limitée au milieu où ils sont réunis (l’étang) mais elle s’est étendue à l’aube, l’élément temporel qui les accueille au moment de l’énonciation (Leur parfum exhalait une fragrance bleue / Qui diffusait dans l’aube un reflet bienheureux). Par ailleurs, puisque l’aube symbolise le renouveau et le début d’un nouveau cycle, la totalité du poème nous révèle la vision optimiste d’une nouvelle expérience entamée dans l’arène de la vie à laquelle l’auteure a fait allusion au cinquième vers par l’usage du mot « Amour ».
En somme, un texte bien structuré, extrêmement condensé et s’ouvrant sur un univers spirituel très profond. »
Mohamed Salah Ben Amor, critique littéraire tunisien
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