Dans le Jardin des mots

Archive pour mai, 2018

« Messager », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 5 mai, 2018 @ 3:29 dans Critique littéraire, Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes en français, Réflexions diverses | Pas de commentaires »

Messager

 

J’essayais en vain de raccrocher les wagons

De ce train dément où voyage l’horizon,

Mais ne parvenais pas dans cette course folle

À rassembler leurs liens voguant au gré d’Éole.

 

Mus par un ouragan de pensées délétères,

Les nuages du ciel comme de pauvres erres

Chevauchaient leur jument, la fouettant jusqu’au sang,

Incendiant le soir d’un bandeau indécent.

 

Puis vint une accalmie qui dissipa les rouges,

Les noirs abandonnèrent le siège de ce bouge

Et la lune en sommeil réveilla les étoiles

Soulageant de ce fait les cœurs purs de leurs voiles.

 

Le train recomposa un semblant d’unité,

Une paix s’installa sur le rail des pensées

Et dans le ciel serein un oiseau de passage

Inscrivit en lettres d’amour ce doux message :

 

« La vie est une fleur fragile, la guerre une cause futile. Aimez-vous et entraidez-vous. De la nuit émane le jour, l’Amour triomphe toujours sur les maux. »

 

Monique-Marie Ihry – 18 septembre 2011 -

 

* * *

« Ce poème est bâti selon la technique de la gradation  en trois phases : noir/clair ‒ obscur/clair ‒ crise/accalmie/détente. Le noir ou la crise  correspond aux deux premières strophes, le clair-obscur ou l’accalmie aux six vers suivants, et le clair ou la détente aux  sept derniers vers. Cette construction est motivée par l’optimisme de la poétesse qui, malgré les affres de la guerre faisant rage dans plusieurs pays du monde et surtout en Libye où elle a fait jusqu’ici plusieurs milliers de victimes et causé des destructions  catastrophiques,  lance un message d’amour à tous les  belligérants quel que soit leur camp pour leur rappeler qu’ils  sont en train d’agir contrairement à  ce que devrait leur dicter leur essence noble  voilée malheureusement  par la haine  et qui n’est autre que la bonté naturelle !

La métaphore des wagons du train pour illustrer la guerre est une très belle trouvaille stylistique. »

 

Mohamed Salah Ben Amor

 

 

« NON ! », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 5 mai, 2018 @ 3:23 dans Critique littéraire, Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes en français, Réflexions diverses | Pas de commentaires »

 NON !

 

Chaque 31 décembre je me demande

si je prendrai de nouvelles résolutions pour l’année à venir.

Deviendrai-je une sylphide au corps svelte ?

Arriverai-je à faire enfin un régime

qui me rendrait les formes rêveuses de mes vingt ans ?

Deviendrai-je à nouveau la cuisinière hors pair que j’ai été ?

Parviendrai-je à être un puits d’insouciance

une montagne d’égoïsme

un abîme d’inconscience

prenant le temps de me pencher à loisir

sur mon ego embourgeoisé ?

 

Eh bien NON !

 

Je renonce à ce régime futile

prôné par des magazines vendeurs de rêves dérisoires.

Je m’entête à ne plus faire de prouesses quotidiennes inutiles

et dispendieuses en cuisine,

cet art m’est acquis, je le réserve aux gens que j’aime.

Je m’insurge contre la misère

qui décime les peuples affamés

désole les mères aux seins maigres taris

au ventre efflanqué fécond d’orphelins en puissance.

Je m’inscris en faux contre cette pauvreté

qui croît au fil des ans

décuple, se multiplie au centuple.

Je me révolte contre les guerres

fomentées depuis la nuit des temps

par une poignée d’intérêts particuliers

au détriment de l’intérêt général.

 

Comment pourrais-je devenir un monstre d’égoïsme

cultiver l’insouciance

me nourrir de futilités, d’inconscience ?

Je VEUX poser les fondations

d’un temple de sérénité sur ce monde tangible

avec des mots d’Amour, de Paix

que je destine aux oubliés des Puissants

aux dissidents

aux indigents

aux sans-abris

aux âmes seules

aux malades sans soins

aux orphelins de cette guerre du Pouvoir

qui creuse à son gré et davantage chaque jour

de-ci, de-là,

la tombe de millions d’innocents !!!

 

Déposons les mots généreux et désintéressés

de notre cœur sur un sol fertile de justice,

érigeons ENSEMBLE les murs d’une cathédrale,

d’un temple, d’une mosquée, d’une synagogue

qui consacreront un chant d’espoir

s’élevant dans un ciel d’AMOUR, de PAIX

sur le toit d’un monde apaisé

dans la lumière sereine d’un jour nouveau

 

SANS GUERRE  et SANS MISÈRE !

 

 

Monique-Marie Ihry – 1er janvier 2011 -

 

* * *

 

Ce cri fort contre les exactions perpétrées par les soi-disant grands et qui ne cessent d’entraver la marche de l’humanité vers des horizons plus sereins ne me surprend guère de la part d’une poétesse dont les préoccupations ont été presque toujours personnelles. En effet, les hautes valeurs, qu’elles soient subjectives ou objectives, forment un tout…

Ce qui plaît le plus dans ce poème est le ton empreint de sincérité et de spontanéité. Quant aux métaphores, elles n’ont pas de place dans ce genre de poésie parce que le réel décrit dépasse de très loin l’imaginaire.

Un poème à traduire absolument.

 

Mohamed Salah Ben Amor

« Sur les rives du Rhin », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 5 mai, 2018 @ 3:15 dans Critique littéraire, Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes en français, Réflexions diverses | Pas de commentaires »

Sur les rives du Rhin

 

La mort était inscrite à ses flancs faméliques.

Le vagabond penché sur son futur défunt

Défiait sa douleur, l’espoir sans lendemain,

Se leurrait de cendres, s’enivrait d’arsenic.

 

Il paraît de bleuets un présent narcotique

Alors que dans le noir distillaient leur venin

Les rigueurs de l’hiver,  les cloches d’un tocsin

Sur le parvis absent de notre basilique.

 

Notre Dame du Soir sur les rives du Rhin

S’endormait sans besoins, faisant fi des chagrins

De la faim infligée aux hères sans papiers.

 

Dans cette nuit frigide une âme dédaignée

Osait sa prière sous les pins résignés

Pour que cesse le froid, son refrain assassin…

 

 

Monique-Marie Ihry – 19 janvier 2011  -

 

* * *

« Ce genre de poésie  descriptive  qui dépeint  la souffrance humaine et qui exprime la solidarité morale  de son auteur avec les déshérités et les démunis  n’offre pas au poète la possibilité de  créer des images surprenantes, car  son but est avant tout de susciter  la compassion, la pitié  et l’attendrissement  du récepteur afin de  l’émouvoir   et l’associer  à la situation inhumaine décrite. Et pour y parvenir,  on use  d’habitude de deux moyens principaux : un ton pathétique fort et l’accumulation de termes et d’expressions  à  haute  charge émotive. Ce qui  s’applique pleinement à ce poème où l’auteure  s’est employée tout au long de son texte à établir une relation de cause à effet entre deux champs opposés : le premier est celui du destin hostile qui se profile à travers différentes sources de maux (mort – douleur – cendres – arsenic – venin rigueurs de l’hiver – chagrins – faim – froid, …) et celui  de la victime agressée, c’est à dire  le vagabond  qui encaisse les coups de son agresseur sans  être capable de les rendre.

Un bon poème qui répond aux conditions du genre. »

 

Mohamed Salah Ben Amor

« Estérel », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 5 mai, 2018 @ 3:10 dans Critique littéraire, Extraits de recueils de poésie de l'auteure, poèmes d'amour, Poèmes en français | Pas de commentaires »

sensualite-50-70

(« Sensualité », toile de l’auteure, Palme d’Or au Festival International Artoulouse 2013)

Estérel

 

Alors que je rêvais dans la langue des vers,

Le temps s’est arrêté sur un nuage bleu,

L’azur enlaçait la mer, puis soudain la terre

S’assoupit apaisée dans un sourire heureux.

 

Alors que je composais avec des pastels,

Des vagues de tendresse et d’harmonie azur,

La caresse du vent dans le soir Estérel

Berça mon cœur de son doux murmure.

 

La ville au loin avait beau cracher ses bruits sourds

Il me semblait que la vie ne pouvait s’éteindre,

Il me sembla que le temps suspendait son cours,

Que tout à coup ce bonheur ne pouvait s’éteindre…

 

 Monique-Marie Ihry – 6 juin 2011  -

 

* * *


« Un simple brossage d’un tableau naturel  sublime situé dans un lieu réel,  diriez-vous, a offert  à la poétesse l’occasion de nous faire part de ses sentiments romantiques ! C’est peut-être un peu vrai. Mais si on y regarde un peu  plus profondément, on décèle la vision spécifique et constante de la poétesse qui se profile  à travers presque tous ses écrits. En effet, ceux qui connaissent de près ses poèmes précédents savent bien que son monde poétique est régi par deux dualités rarement inséparables : la première est  haut (le ciel où réside l’âme de l’être cher ravi à la fleur de l’âge)/ bas (la terre, lieu de privation et de souffrance), la seconde est : bercement/détente qui consiste en une action externe apaisante et un abandon total à son effet enchanteur. Et bien que l’être cher soit absent dans ce tableau, les deux dualités   sont,  quant à elles, vivement  présentes. Ce qui prouve que cette vision est antérieure à la tragédie amoureuse vécue par la poétesse et que ce bercement nous fait soupçonner l’existence d’une cause plus profonde qu’il faut chercher dans son enfance. En tout cas,  l’une des particularités d’un vrai artiste est qu’il dispose d’une vision spécifique et constante comme nous le voyons chez notre poétesse. »

 

Mohamed Salah Ben Amor

« Jardin du souvenir », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 5 mai, 2018 @ 3:02 dans Critique littéraire, Extraits de recueils de poésie de l'auteure, poèmes d'amour, Poèmes en français | Pas de commentaires »

Il y a dans le grand livre du souvenir

inscrit en filigrane délicat ton nom,

à ses côtés, en lettres brodées, ton prénom

y figure posé sur l’aile d’un soupir.

Il y a dans ce long poème, nos sourires,

ces jours bleus, ces étangs, ces hôtels de renom,

ces déserts fleuris, ces forêts, ce cabanon

à l’orée du lac où le jour vient s’assoupir.

Il y a sur la plage où l’horizon se meurt

les empreintes laissées par ces deux promeneurs

lisant leurs rêves sur les versets de demain.

Sur la page où éclosent nos rires

il et un jardin où des roses sur un parchemin

viennent en doux murmures nos deux âmes fleurir…

 

© Monique-Marie Ihry – 6 avril 2011 -

* * *

« Grâce à ses capacités imaginatives peu communes, la poétesse creuse très profondément dans sa mémoire affective pour y puiser des réminiscences chargées de regret et de nostalgie. Et ce voyage à travers le temps subjectif l’amène à se promener dans des lieux inoubliables (étangs hôtels de renom déserts fleuris forêts cabanon lac  plage  jardin) en compagnie de son bien-aimé parti définitivement vers l’au-delà et du lecteur qui se trouve émerveillé par tant de sensibilité et de délicatesse.

Merci Monique-Marie pour ce nouveau joyau ! »

 

Mohamed Salah Ben Amor

« Sait-on pourquoi l’on aime ? », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 5 mai, 2018 @ 1:06 dans Critique littéraire, Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes courts, poèmes d'amour, Poèmes en français | Pas de commentaires »

Au chant du soir 40 x 40 cm

(toile de l’auteure)

 

Sait-on pourquoi l’on aime ?

On aime tout simplement,

on aime voilà tout.

On aime ces silences qui rapprochent,

ces soupirs qui chantent

lors de la fusion ivre des corps.

On aime cette absence de remords

lorsque l’aurore s’éveille

et que s’installe la tendresse du jour.

On aime l’ivresse de moments tendres

et la tendresse d’assauts sauvages,

on aime l’aveu muet d’un seul regard

et ce désir des soirs

parés de mille égards…

 

Monique-Marie Ihry – 6 mai 2011 -

* * *

« Sait-on pourquoi l’on aime ? Les psychanalystes répondent à cette question  par l’appartenance de l’amour au côté irréel de l’être humain  au même titre que le rire et la folie. Ce qui veut dire que ces trois phénomènes échappent totalement à l’entendement, d’où leur caractère extrêmement surprenant. Freud explique également l’amour par l’instinct de  mort qui attire inconsciemment le corps vers le bas, c’est-à-dire vers la terre ou la matière inerte qui avait donné naissance à la vie. Quoi qu’il en soit, la poétesse, sans avoir eu besoin de se référer à ces thèses scientifiques, a bien saisi les mêmes caractères spécifiques de l’amour. Ce qui montre que le créateur artistique peut, grâce à sa sensibilité aiguisée,  accéder à la vérité sans emprunter le chemin méthodologique tracé par les scientifiques.

Outre la véracité de ce discours poétique au niveau du sens  général né d’une expérience réelle au sein de l’arène de la vie, ce poème vaut par son côté esthétique captivant,  aussi bien sur le plan des images que sur celui du rythme interne, tant est si bien que la place nous manque pour le démontrer. En un mot, la poétesse, en nous montrant ce joyau, nous offre l’occasion de l’admirer et de nous délecter de sa beauté resplendissante. Merci Monique-Marie ! »

 

Mohamed Salah Ben Amor

« Ivresse », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 5 mai, 2018 @ 1:00 dans Critique littéraire, Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes courts, poèmes d'amour, Poèmes en français | Pas de commentaires »

QUIZAS 46 X 38

 

J’envie cette coupe qui effleura tes lèvres

Déjà, comme elle, frustrée, je guette l’instant

De rafraîchir ton corps comme tu l’aimais tant

Des bulles qui pétillent dans mon cœur en fièvre

 

Viens Approche tes lèvres de ma coupe ambrée

Savoure ce champagne qui n’attend que toi

Viens Viens à moi Vois ces larmes perlées de joie

À cette idée fervente de te rencontrer

 

Je veux être ce verre qui un jour caressa

L’orée libre de ton cœur Ces vertes allées

Ces prairies fleuries Ces printanières vallées

 

Laisse-moi m’enivrer de ce rêve grivois

Laisse-moi sombrer dans cette ivresse de toi

Viens boire à mon calice et laisse-toi aller

 

Monique-Marie Ihry – 26 août 2011 -

Toile de l’auteure

Extrait du recueil de poésie Délices, Éditions Mille-Poètes en Méditerranée, Narbonne, 2013 (réédition, juin 2018)

 

* * *

 

« Tout d’abord, essayons de dépasser  la très bonne impression que nous laisse ce poème après  sa lecture et cherchons  les  causes qui ont suscité en nous cet effet. Pour  fasciner ses lecteurs,  la poétesse a usé successivement du procédé de l’identification et ce, à trois reprises : la  première  se situe au niveau du désir et est symbolisée par la coupe effleurant les lèvres du bien-aimé. Quant à la seconde,  elle est évoquée par  le champagne contenu dans la coupe. La troisième, enfin, est représentée par  le verre qui enivre l’élu du cœur et ouvre son esprit sur un monde paradisiaque. Ce procédé, quoique technique, pourrait dévoiler  du point de vue psychanalytique un fétichisme latent dissimulant un désir refoulé  à l’égard du bien-aimé. Mais quoi qu’il en soit,  le  poème répond  clairement aux critères de la vraie création et c’est le plus important en poésie. Félicitations Monique-Marie !  »

 

Mohamed Salah Ben Amor

« Blanche harmonie », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 5 mai, 2018 @ 12:51 dans Critique littéraire, Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes courts, Poèmes en français | Pas de commentaires »

Blanche harmonie

 

La neige tombait encore

Sur les arbres emmitouflés.

Dans mon cœur transi gonflé

D’ennui, fleurit une aurore…

 

Monique-Marie Ihry – 26 janvier 2012  -

 

* * *

 

« Le lecteur de ce haïku  est saisi par quatre  éléments  hautement poétisés : le premier est le parallélisme verlainien  établi entre  l’atmosphère neigeuse externe et l’état d’âme de la locutrice. Le second est la relation de cause à effet  qui relie ces deux  mondes : l’un concret  donc visible d’un côté, et l’autre abstrait  et par conséquent invisible de l’autre. Le troisième  est le caractère subjectivement vivifiant de la neige malgré sa substance glaciale. Le quatrième, enfin, est la  double métaphore imaginée par la poète pour décrire le changement qui a été accompli dans son monde intérieur sous l’effet de la neige (l’aurore pour la vivacité, et la fleur pour l’aurore),  sans oublier le caractère surprenant de cette dernière image  qui répond à l’une des règles poétiques du haïku.

En un mot,  ce joyau est petit de taille mais très précieux  de par sa valeur. »

 

Mohamed Salah Ben Amor

« Bleuets », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 5 mai, 2018 @ 12:47 dans Critique littéraire, Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes courts, poèmes d'amour, Poèmes en français | Pas de commentaires »

Bleuets

 

Sur le berceau de l’eau fleurissaient des bleuets.

Ces fleurs avaient d’azur les pétales fluets,

Leur parfum exhalait une fragrance bleue

Qui diffusait dans l’aube un reflet bienheureux.

 

Un amour s’installait sur l’étang endormi

Et le cœur en éveil s’enivrait d’infini…

 

Monique-Marie Ihry – 2 juillet 2012 -

 

* * *

 

« Tout comme le mini-poème qui l’a précédé, celui-ci s’inscrit dans la même lignée romantique et symbolique. La teinte romantique qui est la plus évidente  s’illustre dans l’accord harmonieux total entre, d’un côté les éléments mis en action  appartenant au monde naturel ou spatial,  selon les termes de Bergson, (bleuets – eau – azur – parfum – aube) et de l’autre entre l’être humain (cœur en éveil)  et l’ensemble de ces éléments ainsi que l’univers  qui les englobe. Cet accord,  pareil à une mélodie visuelle  et olfactive,  crée une atmosphère paradisiaque propice à l’extase  et à la béatitude (un reflet bienheureux le cœur en éveil s’enivrait d’infini, …).

Si nous  tentons maintenant  de saisir les significations  exprimées au niveau illocutoire ou  des structures profondes, nous remarquons que trois éléments (eau ‒  fleur parfum)   ont en commun  l’appartenance symbolique  à l’univers féminin  et leur action génératrice,  l’eau étant associée à tout ce qui est vital, la fleur à la reproduction de la plupart des plantes et le parfum à l’exubérance et à la récupération des forces. D’autre part, l’action bénéfique de ces éléments  ne s’est pas limitée  au milieu où ils sont réunis (l’étang) mais elle s’est étendue à l’aube, l’élément temporel  qui les accueille au moment de l’énonciation (Leur parfum exhalait une fragrance bleue / Qui diffusait dans l’aube un reflet bienheureux). Par ailleurs, puisque l’aube symbolise le renouveau et le début d’un  nouveau cycle, la totalité du poème nous révèle la vision optimiste d’une nouvelle expérience  entamée dans l’arène de la vie  à laquelle l’auteure a  fait allusion au cinquième vers par l’usage du mot « Amour ».

En somme, un texte bien structuré, extrêmement condensé et s’ouvrant sur un univers spirituel très profond. »

 

Mohamed Salah Ben Amor, critique littéraire tunisien

« Symphonie matinale », poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 5 mai, 2018 @ 11:44 dans Critique littéraire, Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes en français | Pas de commentaires »

Symphonie matinale

 

Palavas s’éveillait dans un concert ailé

Les goélands dansaient un ballet étoilé

La mer allait, venait dans une valse bleue

Déposant à ses pieds en offrande immaculée

Le feston d’une fine dentelle satin

Qui s’immolait avec grâce dans le matin.

L’écume s’effaçait pour renaître à nouveau

Déposant sous ses pas dans un doux renouveau

L’offrande généreuse d’une tendre aurore

Dont le souvenir bienheureux perdure encore…

 

Monique-Marie Ihry – 6 mars 2014  -

 

* * *

 Ce poème dépeint apparemment  un paysage  naturel réel dans la station balnéaire méditerranéenne  de Palavas-les-Flots  sise dans le Sud de la France. Mais si l’on essaie de voir un peu plus loin que le « dit »  pour creuser un peu dans « le non-dit »  exprimé malgré tout involontairement  par l’inconscient de la locutrice, on y découvrira la même structure de son monde poétique spécifique régi par ces trois dualités constantes : le haut/le bas, le haut/le Moi et  le bas/le Moi. Le haut est représenté ici par le goéland,  symbole du prince charmant parti pour le paradis céleste, le bas par la mer  source de la vie  et le Moi, l’âme de la poétesse  meurtrie par la perte du prince et qui cherche désespérément une échappatoire ou même une consolation,  par le biais de l’oubli et la beauté enivrante environnante, aidée dans cette tentative par l’accord total entre l’effet bénéfique du haut sur le bas et  celui de l’harmonie entre le haut et le bas sur le Moi  sous forme d’une symphonie  visuelle (les mouvements des goélands, des vagues et des écumes) et peut-être sonore extrêmement exaltante. Ce qui montre que  dans toute description du monde extérieur il y a nécessairement une projection inconsciente de soi. Et quelle belle projection nous est illustrée dans ce poème !

 

 Mohamed Salah Ben Amor

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