Archive pour juillet, 2016
Dehors, la mort
Au dernier jour
Au dernier jour
I
Il me semble entrevoir un ange de lumière
Il s’arrête un instant, d’une voix coutumière
Me dit soudain ces mots : « Ma belle amie, le temps
Est venu. Viens à moi. Là-bas près de l’étang
Où nous fûmes heureux, il est une fontaine
Gazouillant doucement. L’entends-tu si lointaine
Fredonner notre chant ? Viens, prends cette main,
Allons nous abreuver à sa source. Demain
Il te faudra partir, oublier la musique
Cristalline de l’eau, son charme féérique
Pour rejoindre le ciel. Allons nous réchauffer
Sous le saule doré. Ensemble parapher
L’écorce de son tronc, nous allonger ensuite
Sous son ample jupon. La mort te fut prescrite
Par le grand souverain qui règne dans les cieux,
Profitons de l’instant avant que notre Dieu
Mette fin à la trêve qu’il nous a concédée.
Je vois fleurir là-bas notre arbre de Judée…
Que la nature est belle au printemps de l’amour
Que notre amour fut grand, déjà s’enfuit le jour ! »
II
Je le pris par la main, l’ange venu du ciel
Tout me semblait étrange, en tout point irréel.
Près de l’étang lointain où chantait notre source
Sous le saule doré rejoignant la grande Ourse
Nous nous allongeâmes et, serrés tendrement,
Lovés l’un contre l’autre, nous fîmes longuement
Un songe émerveillé. À deux pas notre Lune
Veillait sur notre amour, et puis dans la nuit brune
Une dernière fois, il m’offrit un baiser
Un baiser chaste et fou, un serment apaisé
Qui nous lia enfin au-delà de la vie
Au-delà de la mort, sans autre préavis…
© Monique-Marie Ihry - 10 novembre 2015 -
(toile de l’auteure intitulée » Bailarin », détail, 2012, 92 x 65 cm, huile sur toile)