J’ai vu…
J’ai vu…
Je suis une statue de marbre
installée, qui plus est,
depuis deux siècles et demi,
sur la Place des Armes.
J’ai vu passer une révolution,
une guerre et puis bien d’autres.
En bonne apôtre
je me suis pourtant mise à croire en la vie
autant que portent en mon cœur
les rimes de l’espoir.
J’ai vu tomber des morts
croyant eux-mêmes en un juste sort,
j’ai vu prier des femmes
sur la tombe de leur époux,
j’ai vu pleurer des enfants
sur une tendresse orpheline,
j’ai vu des ciels absents de nuages
pleuvant des bombes assassines
vomissant des meurtres tels des monstres
par centaines, au hasard, à tout va
sur la page sereine d’un jour ordinaire.
J’ai tenté de me réchauffer
à l’âtre ardent de prières infécondes.
J’ai succombé sur les voies incertaines
d’une paix illusoire
sur la croix érigée de mes tourments.
Cependant, dans cette folle farandole
dans laquelle agonit peu à peu
notre monde,
je persiste à croire en l’homme
à l’aube d’un jour espéré d’une paix
qui rimerait enfin avec
toujours !
© Monique-Marie Ihry - 19 février 2015 -
Extrait d’un recueil de poésie de l’auteure