Exil poétique
Escrituras anónimas (2008) – Huile sur bois 30/80 cm − tableau de l’auteure
Exil poétique
À la recherche de l’exquise beauté
et surpris par l’absence
de livres de poésie dans une librairie,
vous interrogez en désespoir de cause
un vendeur qui vous renseigne
avec la mauvaise grâce de circonstance :
« Poésie, vous avez dit… poésie ?
Vous savez, nous n’en vendons guère ces temps-ci,
suivez-moi, je vais bien finir par vous en trouver quelques uns… »
Dans un coin, sur une étagère située bien en haut,
tout en haut, au-delà du regard
ou bien encore en bas, tout en bas,
en-deçà du possible,
quelques vers rares
se retrouvent condamnés à l’exil
sur le rang banni des parias.
Les poètes sont devenus hélas
les parents pauvres d’un art majeur
que l’on classe désormais volontiers
au rang meurtri des oubliettes !
Dans le palmarès de l’actualité
des ventes rentables et de ce fait prioritaires
Victor Hugo, Baudelaire, Neruda,
Aragon, Rimbaud et Lorca se trouvent
isolés,
bien loin des têtes de gondoles
où se pavanent en pleine lumière
des nuances de gris en tout genre…
© Monique-Marie Ihry - 24 novembre 2013, actualisé dernièrement -