Dans le Jardin des mots

Archive pour juin, 2014

 » Le chant du cygne  » commenté par le Pr Mohamed Salah Ben Amor

Posté : 27 juin, 2014 @ 11:14 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes en français | Pas de commentaires »

 

I.       Le chant du cygne

 

I

 

La mort, tel un oiseau de proie

Déploya ses ailes immenses.

Ses serres avec véhémence

Griffèrent l’harmonie de soie

Recouvrant les vagues azur

D’ombres argentées, lumineuses.

De ses longues ailes flâneuses

L’oiseau de mort au regard dur

Fendit le bleu miroir de l’onde,

Puis rebondit d’un coup de rein

Vers les hauts cieux faits d’airain

Laissant mon âme vagabonde

Voguer, pour un temps seulement,

Un temps de répit sur la vie,

Rien qu’un court instant de survie

Avant la nuit, fatalement…

 

II

 

L’oiseau de mort revint frôlant

Ma barque frileuse amarrée.

Je le regardai, effarée,

Verser son filet nonchalant

Sur mes espérances ultimes.

La mer eut des relents de sang,

Puis l’onde se grisa d’encens

En m’attirant dans ses abîmes…

 

III

 

Dans l’antre de la mer, enfin

Je crus entrevoir la lumière ;

Elle me parut familière.

J’étais à deux doigts de la fin

C’était si doux dans l’onde claire.

Un tapis d’algues m’accueillait,

La mort sereine me cueillait

Telle la fleur abécédaire

D’un dictionnaire des décès.

J’eus soudain très envie de vivre,

Me libérai d’un élan ivre

D’entre les mailles du corset.

 

   IV

 

Une fois parvenue au jour,

Libérée du carcan liquide

Orchestré par la mort, son vide,

J’osai espérer un amour

Qui viendrait orchestrer mon cœur.

Je priai pour que cette vie

Vogue au-delà de la survie

Et verse enfin dans le bonheur !

            

                V

 

Dans le ciel scintillait la Lune

Entourée d’astres lumineux,

Tous les nuages charbonneux

Avaient déserté la nuit brune.

La mort rangeait ses longs filets

Sur le sable grisé de cendre.

Une brise légère et tendre

Chantonnait au soir ses couplets,

Refrain chaleureux sur la toile

De l’univers. Je m’endormis

D’un sommeil aux rêves ravis,

Loin de la mort et de son voile…

 

VI

 

Je m’éveillai sur une plage

Baignée d’un soleil chaleureux.

Les grands pins voguaient bienheureux

Entre les vagues d’un nuage.

Le ciel soudain se fit azur,

Un cygne écrivit un long vers,

Un signe inscrit sur l’univers

Pour louer la vie, un futur…

 

  VII

 

Le cygne fendait l’eau, majestueux et beau

Dans le crépuscule s’éveillaient les étoiles

Dissipant peu à peu les brumes de leur voile

L’ange dans les cieux semblait bénir les flots

 

Au loin l’on entendait des chevaux les sabots

Le bruit de leur course dans le soir automnal

Finit par agonir de ses pas en rafale

Dans le silence azur d’une nuit sans tombeaux

 

Le cygne blanc nageait au rythme de la lune

Dont le chant bienveillant aux notes opportunes

Charmait l’onde sereine et comblait d’infini

 

Le monde s’endormait dans la blonde harmonie

D’une paix recouvrée, remettait à demain

L’enfer de la guerre, ses fers, son venin.

II. Commentaire du Professeur Mohamed Salah Ben Amor, critique littéraire tunisien

 

La première remarque qui se dégage de ce poème  autobiographique écrit à la première personne, est  que son auteure, habituée formellement aux poèmes  de longueur moyenne, a éprouvé cette fois le besoin d’utiliser le poème très long ( 80 vers ).Et la cause de ce changement est qu’elle  tente de faire un bilan de son existence  d’adulte , qui se compose, selon ses dires,  de deux  étapes distinctes : la première était marquée par l’infortune et la cruauté du destin et dans la deuxième, qui se poursuit au présent, elle a trouvé la quiétude et le bonheur. Cette division nette du parcours de la locutrice l’a aidée à bien traiter son texte esthétiquement. Et ce, en usant simultanément de deux procédés majeurs : la technique de la temporalité et la métaphorisation .Ainsi,pour mettre en évidence l’atrocité de la première étape et la bien séparer de la seconde, elle a utilisé le symbole de l’oiseau de mort et le flash-back,  tandis que dans la deuxième étape qu’elle présente comme pleine de bonheur, elle a choisi le symbole contraire du cygne et le temps présent.

 

La deuxième remarque à faire est que tous les événements relatés ici  se passent à l’intérieur de la locutrice d’où le caractère purement psychologique du poème qui offre au lecteur une sorte d’auto-analyse introspective plongeant, d’abord, dans la mémoire pour réveiller des souvenirs obscurs douloureux formant un véritable cauchemar ensuite dans l’esprit éveillé pour décrire les sentiments de bien-être et de sérénité que l’auteure éprouve au temps de l’énonciation.

 

Un poème magistral qui retrace admirablement une bonne partie de l’itinéraire individuel de la poétesse et qui séduit par l’originalité de ses images et la charge émotionnelle de ses mots.

Chimères

Posté : 12 juin, 2014 @ 3:10 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Prose poétique | Pas de commentaires »

 

Bientôt viendra l’automne et sa froide beauté, bientôt les grands frimas d’une rancœur amère pour tous ces vagabonds en quête de chimère désirant prolonger les douceurs d’un été.

 N’ayant plus de logis où pleurer son destin, n’ayant plus de destin en lequel croire encore, sans aucun horizon ni de possible aurore, le vagabond s’endort comme un triste pantin. Sur sa joue maculée une larme de fiel nage dans le sillon d’une ride sommaire, n’ayant pas de lagon à la rive primaire pour épancher son cœur sous un clément soleil.

 Qu’il est long ce chemin clairsemé d’arbres morts où même la rose à la blonde corolle se refuse à offrir sa majesté en obole, déléguant ses larmes en ultimes transports, chemin parsemé des troncs endeuillés de l’automne jonchant le cimetière des espoirs légitimes… Où sont ces temps azur où le ciel insouciant abandonnait ses bleus et son or à la plume poète d’un printemps en fête ? À quand ce bel été, ces matins sereins où le froid ne mordra plus la main gercée tendue, ces soirées clémentes sous la bénédiction d’une lune féconde qui inondera le monde de ses vœux exaucés ? Il n’est plus d’aurore sur un cœur défaillant, il n’est plus d’espoir aux frontières de la pauvreté lorsque l’hiver se pare de sa froide beauté.

 Il nous faut espérer qu’un jour prochain réduira les inégalités et donnera enfin à chacun le pain de chaque jour. Mais n’est-ce pas pure utopie lorsque l’on sait que depuis la nuit des temps les rêves rejoignent rarement les frontières de la réalité en matière d’équité ? Les rêves ne sont que des songes comme le disait si justement Calderón de la Barca dans La vie est un songe, et les songes demeurent donc par le fait de simples chimères sur le tracé orphelin de la vie.

 N’ayant plus de destin en lequel croire encore, le vagabond s’endort comme un triste pantin, ivre d’une solitude dans laquelle il se noie chaque jour davantage, et la ville continue son va-et-vient égoïste dans une course folle au dépassement de soi, et l’automne installe sur les trottoirs glissants un tapis illusoire de beauté éphémère, devançant de peu l’hiver et les frimas rigoureux destinés au cœur solitaire livré à l’abandon du jour, sous le regard méprisant d’une foule pressée.

 © Monique-Marie Ihry    -  19 novembre 2013  -

(Extrait du recueil de poésie  » Au chant de l’automne  » paru en avril 2015 aux Éditions Mille-Poètes en Méditerranée)

Sur l’aile d’un nuage

Posté : 9 juin, 2014 @ 4:22 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, Poèmes en français | Pas de commentaires »

Je ne désire pas abandonner mon corps

Au cortège de vers attendant mon trépas

Et je m’inscris en faux contre ce triste sort

Qui consiste à pourrir comme un vulgaire appât.

Quand faiblira mon cœur aux portes de la mort

Revêtez-moi alors d’une aube d’apparat,

Emportez-moi céans dans un heureux transport

Célébrer l’aurore dans le feu de ses bras.

Promettez-moi ensuite en chœur de répartir

Mes cendres sur les flots de la mer un matin

Lorsque l’aube s’éveille aux portes du destin.

Puis, une vague azur portée par le zéphyr

Habillée de dentelle et d’un heureux mirage

Viendra me déposer sur l’aile d’un nuage…

 

©  Monique-Marie Ihry    -  24 avril 2014  -

Extrait du recueil  » Cueillir les roses de l’oubli « , en vente sur amazon.fr

Sombra

Posté : 9 juin, 2014 @ 4:07 dans Poemas en español, Poèmes en français | Pas de commentaires »

yeux noirs

 

Yo me asomo

al borde de tu recuerdo.

Miro las nubes caminando

por tus ojos de sombra,

sombra

dulce y amarga sombra

sombra…

Miro el tiempo,

mas allá del horizonte

y, perdida en el abismo

de tu mirada distante,

ausente,

sombra

amarga sombra

sombra,

me muero de amor

en la nada de mi invierno…

Sombra

sombra infinita

sombra

de amor perdido…

© Monique-Marie Ihry    – 9. 05. 2014 -

Derechos de autor

 

Allée du souvenir  

 

Je m’assois à l’orée

du souvenir

et je regarde défiler les pages

dans ton regard fait d’ombre,

 

ombre,

ombre douce et amère,

sombre,

 

je regarde passer le temps

bien au-delà de l’horizon

et, perdue dans l’abîme

de ton regard distant

absent,

 

ombre,

ombre de cendre amère,

sombre,

 

je me meurs d’un amour

orphelin

dans le néant d’un hiver installé,

 

ombre, ombre infinie

et sombre…

 

©  Monique-Marie Ihry    -  18 juin 2014  -

Traduction du poème ci-dessus  » Sombra « 

Texte déposé

 

 

 

Au fil des mots |
Entre deux nuages |
Lectures d'haabir |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | j'ai "meuh" la "lait"cture
| Les Chansons de Cyril Baudouin
| Malicantour