Dans le Jardin des mots

Archive pour le 11 janvier, 2014

L’amour, la mer (poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor)

Posté : 11 janvier, 2014 @ 7:45 dans Extraits de recueils de poésie de l'auteure, poèmes d'amour, Poèmes en français, Réflexions diverses | 2 commentaires »

L’amour, la mer

 

L’amour est un petit bateau

Qui vogue blanc au fil de l’eau

Sur les vagues bleues de la vie

Dans une liesse infinie

 

Qu’il soit radeau, barque bohème

Il navigue dans un poème

Sur les flots heureux de l’amour

Dans la promesse d’un toujours

 

Bercé par la chanson des flots

Balancé au fil des rouleaux

Ivre d’émoi et d’allégresse

Ne fait pas montre de faiblesse

 

Mais, faible coquille de noix

Un jour de tempête se noie

Et sur la page d’un naufrage

Vient s’inscrire ce triste adage :

 

« Tout grand amour est éphémère

Un jour il n’est plus que chimère

Et dans un regard des plus purs

Errent des présages obscurs »

 

Adieu petit bateau du cœur

Adieu rêves commis en chœur

La vie est parfois songe amer

Gisant dans la nuit de la mer… 

 

©  Monique-Marie Ihry    -  Castres, le 6 juillet 2013  -

(d’après la chanson de Charles Trénet « Bateau d’amour »)

* Ce poème a obtenu le 1er prix de poésie libre à Frontignan (2018)

 

* * *

« Connaissant de près les écrits de l’auteure de ce poème, je suis presque certain que le message qui y est véhiculé n’a aucun caractère autobiographique. Il ne s’agirait, probablement, que d’une idée née en toute spontanéité dans un contexte spécial et qui aurait retenu l’attention de la poète par sa pertinence et son originalité, ce que lui aurait valu d’être à la source de l’écriture de ce poème.

Pris en soi et indépendamment du contexte dans lequel il a été inspiré, ce texte expose une certaine conception de l’amour selon laquelle ce sentiment se caractérise essentiellement par sa délicatesse avec ses deux sens : (douceur et  fragilité)  auxquels correspondent deux attitudes opposées mais dont aucune n’exclut forcément l’autre : la fascination et l’extase qu’il suscite  et par ailleurs l’affliction et le chagrin qu’il inspire. Cette conception est, bien entendu, celle de l’amour ordinaire dont font l’expérience la plupart du commun des mortels et dont la fin est généralement décevante, si tant est qu’elle ne soit pas malheureuse. À son opposé s’élève, cependant, majestueusement l’Amour spirituel, impérissable et éternel qu’incarnèrent, par exemple,  les poètes arabes anciens de la tribu Oudhra comme Jamil l’amoureux de Boutheina  et Qais le fou de Leila  qui moururent en martyres et ce, à cause du sentiment noble et pur qu’ils éprouvaient pour leur bien-aimée. De ce fait, si notre poète s’attache à la première particularité de l’amour qu’elle a si bien décrite dans les trois premières strophes, elle se contredirait si  elle croyait à l’adage qu’elle a cité dans la cinquième (Tout grand amour est éphémère / Un jour il n’est plus que chimère / Et dans un regard des plus purs / Errent des présages obscurs). Thématiquement, elle ne fait, sûrement donc, qu’interpréter poétiquement un  tableau exécuté par une autre personne ou réécrire une chanson qui aborde ce thème.

Quant au niveau stylistique, le cachet spécifique de l’auteure est fortement présent à travers son lyrisme très prononcé, sa transcription subtile et détaillée des fluctuations de l’âme humaine, le  lexique abondant de la nature qu’elle a mis en œuvre  et enfin  son recours massif à la métaphorisation, ce qui a contribué à faire de ce poème un véritable tableau dans un tableau ou une chanson dans une autre chanson. »

 

Mohamed Salah Ben Amor


 

 

 

 

 

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