L’amour, la mer (poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor)
L’amour, la mer
L’amour est un petit bateau
Qui vogue blanc au fil de l’eau
Sur les vagues bleues de la vie
Dans une liesse infinie
Qu’il soit radeau, barque bohème
Il navigue dans un poème
Sur les flots heureux de l’amour
Dans la promesse d’un toujours
Bercé par la chanson des flots
Balancé au fil des rouleaux
Ivre d’émoi et d’allégresse
Ne fait pas montre de faiblesse
Mais, faible coquille de noix
Un jour de tempête se noie
Et sur la page d’un naufrage
Vient s’inscrire ce triste adage :
« Tout grand amour est éphémère
Un jour il n’est plus que chimère
Et dans un regard des plus purs
Errent des présages obscurs »
Adieu petit bateau du cœur
Adieu rêves commis en chœur
La vie est parfois songe amer
Gisant dans la nuit de la mer…
© Monique-Marie Ihry - Castres, le 6 juillet 2013 -
(d’après la chanson de Charles Trénet « Bateau d’amour »)
* Ce poème a obtenu le 1er prix de poésie libre à Frontignan (2018)
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« Connaissant de près les écrits de l’auteure de ce poème, je suis presque certain que le message qui y est véhiculé n’a aucun caractère autobiographique. Il ne s’agirait, probablement, que d’une idée née en toute spontanéité dans un contexte spécial et qui aurait retenu l’attention de la poète par sa pertinence et son originalité, ce que lui aurait valu d’être à la source de l’écriture de ce poème.
Pris en soi et indépendamment du contexte dans lequel il a été inspiré, ce texte expose une certaine conception de l’amour selon laquelle ce sentiment se caractérise essentiellement par sa délicatesse avec ses deux sens : (douceur et fragilité) auxquels correspondent deux attitudes opposées mais dont aucune n’exclut forcément l’autre : la fascination et l’extase qu’il suscite et par ailleurs l’affliction et le chagrin qu’il inspire. Cette conception est, bien entendu, celle de l’amour ordinaire dont font l’expérience la plupart du commun des mortels et dont la fin est généralement décevante, si tant est qu’elle ne soit pas malheureuse. À son opposé s’élève, cependant, majestueusement l’Amour spirituel, impérissable et éternel qu’incarnèrent, par exemple, les poètes arabes anciens de la tribu Oudhra comme Jamil l’amoureux de Boutheina et Qais le fou de Leila qui moururent en martyres et ce, à cause du sentiment noble et pur qu’ils éprouvaient pour leur bien-aimée. De ce fait, si notre poète s’attache à la première particularité de l’amour qu’elle a si bien décrite dans les trois premières strophes, elle se contredirait si elle croyait à l’adage qu’elle a cité dans la cinquième (Tout grand amour est éphémère / Un jour il n’est plus que chimère / Et dans un regard des plus purs / Errent des présages obscurs). Thématiquement, elle ne fait, sûrement donc, qu’interpréter poétiquement un tableau exécuté par une autre personne ou réécrire une chanson qui aborde ce thème.
Quant au niveau stylistique, le cachet spécifique de l’auteure est fortement présent à travers son lyrisme très prononcé, sa transcription subtile et détaillée des fluctuations de l’âme humaine, le lexique abondant de la nature qu’elle a mis en œuvre et enfin son recours massif à la métaphorisation, ce qui a contribué à faire de ce poème un véritable tableau dans un tableau ou une chanson dans une autre chanson. »
Mohamed Salah Ben Amor