Archive pour décembre, 2013
L’été n’est point mort
L’été n’est point mort
L’été n’est point mort, l’été respire encore. J’ai vu ce matin éclore une rose alanguie qui aspirait l’air marin, espérant ainsi trouver dès l’aube la force de s’épanouir enfin.
Elle s’ouvrit peu à peu dans la douceur ambiante et déploya sa robe de dentelle et d’or, telle une danseuse accomplissant une révérence juste avant de présenter un ballet.
Le soleil qui brillait haut et fort, s’émerveilla devant ce port altier et noble. La rose offrit son parfum dans l’harmonie du jour, et l’astre solaire continua de darder ses rayons bienfaisants sur la campagne ravie, remettant à plus tard l’avènement attendu de l’automne.
© Monique-Marie Ihry - 18 août 2013 -
Texte déposé, reproduction interdite
Extrait n° 3 du roman » Mythomania sur le Net «
Intelligences utiles, s’il en est (pp. 18-21)
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Le mensonge est un art qui requiert de l’intelligence. Il convient d’être très fort pour rester menteur sous peine d’être démasqué un beau jour. Il est des menteurs impénitents qui mentent comme ils respirent, sans réfléchir. C’est bien là leur problème. Mentir pour eux est un besoin vital. Ils aspirent à mentir sans cesse, le mensonge les inspire, ils s’en nourrissent à outrance.
Mais au fait, pourquoi mentent-ils ? C’est souvent pathologique. Mais il faut avouer que le mari trompeur ou l’amant volage ont besoin de cette arme vile pour tourner les pages de leur agenda compliqué. Il est vrai que mener plusieurs vies parallèles ne s’avère pas en outre très aisé.
Si l’on vous dit au cours d’une même longue phrase de justification attendue :
« Non, je ne connais absolument pas cette femme. » Et puis dans la foulée :
- Non je ne lui parle plus du tout depuis très longtemps.
Puis encore, plus loin, au cours de la même conversation :
- Cette sirène baise bien [...] je n’ai jamais rien fait avec elle. »,
pas besoin dans ce cas de se poser davantage de questions. Pour être un menteur plausible il faut savoir faire fonctionner ses neurones afin de ne pas se contredire aussi ouvertement. Mais peut-être qu’à force de se rendre d’un lit à l’autre, la fatigue et l’âge aidant, les connexions cérébrales se trouvent au final quelque peu handicapées. C’est de bonne guerre après tout !
Il semblerait que Don Juan, Casanova ou Lord Byron aient été plus habiles en leur temps. Leur carrière volage s’est même vue décorée d’une postérité qui perdure encore. Vous m’aurez comprise, on ne parle pas ici d’intelligence du cœur. On évoque une intelligence adroite, celle qui excelle dans les bas fonds d’un esprit pervers.
Une fois démasqué, l’apprenti menteur doit donc impérativement suivre quelques règles. Il est grand temps qu’il se reprenne. Conseillons-lui par exemple la prise à la hâte de quelques notes sur un carnet qui pourraient l’aider dans ses mensonges :
« J’ai dit à Martine que j’étais au cinéma ce soir-là et que j’ai vu tel film.
- Pour Marie : je lui ai affirmé que cette sirène, je ne l’ai jamais rencontrée et je ne lui ai jamais écrit non plus. Je ne la tague jamais dans les articles que je publie sur Facebook. »
Le petit carnet assorti de son crayon - que l’on ne doit pas égarer – serait donc l’allié essentiel de mensonges en kyrielles que l’on commet lorsque l’on converse avec une amante éloignée avec qui on entreprendrait une relation épistolaire entre deux rencontres car on peut le consulter à loisir. L’idéal serait finalement un carnet répertoire qui permettrait d’aller très rapidement trouver les indices propices à une argumentation intelligente. Mais le problème survient toutefois lorsque l’on est au téléphone et que l’on ne sait plus où l’on a mis ce petit élément salvateur que l’on aurait pu consulter tout à son aise et à son gré dans une autre circonstance. Que dire alors d’une conversation de visu avec une maîtresse en cours que l’on rencontre par hasard à la sortie d’un hôtel et que l’on n’a manifestement pas l’inélégante opportunité de sortir ses notes salvatrices !
Après réflexion, je n’ai finalement pas de solution magique qui pourrait venir en aide au menteur dragueur d’intelligence moyenne ou bien encore celui chez qui Alzheimer a commencé à faire quelques dégâts irréparables. On pourrait cependant lui conseiller de remplacer ce carnet par l’application agenda électronique contenue éventuellement dans son portable, mais ce n’est pas tout à fait le top lorsque l’on téléphone avec son portable en même temps. Verser une bonne dose de bromure dans le jus de fruit du petit déjeuner afin de calmer les ardeurs altruistes de ce menteur professionnel serait peut-être envisageable, si tant est que cet individu partage encore notre vie.
Yiórgos était l’archétype même du menteur professionnel. Je me suis longtemps demandé s’il existait un remède à ces mensonges éhontés. En fait, il n’y en a guère. Le plus important serait en revanche d’essayer de repérer ce genre de mythomanes le plus rapidement possible et de s’en défaire aussi vite. Ce n’est pas toujours évident !
Ces sites que l’on dits sociaux sont le reflet de notre société faite d’individus vrais et de « masques ». Le vrai se livre tel quel en toute spontanéité, et le masque arbore en permanence un esprit facétieux. Le contact dit masqué se construit très souvent une personnalité brillante, s’invente le personnage qu’il aimerait être dans une autre vie. Il se veut artiste talentueux à l’âme généreuse par exemple, il est directeur d’une multinationale ou se vente encore de participer activement à de nombreuses causes humanitaires. Il flaire, repère les failles des proies possibles attirées par le brio et l’humanisme qu’il arbore faussement à tour de bras et s’y engouffre petit à petit, insidieusement.
Dans cette jungle Internet, le faible est celui qui pensait que tout le monde se montrait à son image sincère en toutes circonstances. Les réveils sont en l’occurrence toujours douloureux.
Je serais donc finalement tentée d’affirmer qu’il est préférable de tomber sur le menteur peu intelligent que l’on repère rapidement plutôt que sur un professionnel du genre doté d’un Q.I. hors dimensionné. Si tel a été votre cas, il se peut que vous ayez vécu une expérience qui vous ait aidée à mûrir et à vous affranchir d’un monde vernissé et tentateur. Mais attention : gare aux rechutes possibles ! C’est comme un régime que l’on s’est promis d’entreprendre, il se doit d’être assorti de règles strictes et indéfectibles car on aurait tendance à replonger facilement dans la crédulité.
Autre précision : cette réflexion spontanée a été écrite au genre masculin. On pourrait tout aussi bien la transposer au féminin. Ce serait alors un exercice de style salutaire qui viserait par la même occasion à tenter de se préserver de pseudo amies tout aussi flatteuses qu’habiles à vous tromper et qui font du masque leur panoplie mensongère assassine quotidienne. Quelque ex de votre ex par exemple…
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Ce roman paru en novembre 2013 est en vente sur le site Edilivre :
http://www.edilivre.com/catalogsearch/result/?q=mythomania+sur+le+net
Extrait n° 2 du roman » Mythomania sur le Net » paru récemment (novembre 2013)
RENCONTRE (pp. 44-46)
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En fait, il faut que je vous avoue quelque chose. Vous savez déjà que James m’a vue à deux reprises sous une autre identité. La vraie en fait, car je ne pouvais bien évidemment être que moi lors de notre rencontre. Imaginez ma surprise lorsque je l’ai vu se pencher vers la vitre de ma voiture la première fois ! Il n’avait pas la même tête que sur la photo de son profil. Il avait coupé sa barbe de Roi Mage, celle-là même qu’il arborait fièrement sur Internet. Il était donc méconnaissable, en pire ! En plus il a eu le toupet de me reprocher dans la foulée de ne pas ressembler à la photo que j’avais fait paraître sur ce site de rencontre, ce qui est très inélégant en soi. C’est vrai qu’elle datait de cinq ans et que je ne portais pas de lunettes à l’époque. En l’attendant dans ma voiture, histoire de m’occuper, je m’étais mise à faire des mots croisés et avais eu recours à mes prothèses oculaires pour la circonstance. Comme il n’arrivait toujours pas, j’avais entrepris de feuilleter mon agenda, histoire de passer le temps et de vérifier par la même occasion si je ne m’étais pas trompée de jour. Soudain j’ai entendu frapper à la vitre. Mon sang n’a fait qu’un tour lorsque je l’ai aperçu. J’ai lâché mon agenda et j’ai pris mon courage à deux mains.
« Jour ! Cela commençait bien, j’étais tombée sur un invétéré facteur d’onomatopées.
- Bonjour.
- Vous avez trouvé le chemin facilement ?
- Oui, pas de problème, répondis-je.
- J’voudrais pas dire, mais il pleut.
- Je vous raccompagne à votre domicile tout de suite. Montez dans ma voiture. »
Je me disais bien que les beaux oiseaux ne mouillent pas, mais comme ce n’était pas son cas, je décidai de ne pas l’enlaidir complètement. J’avais tout juste eu le temps d’apercevoir des cheveux rares, mais tout de même propres, un survêtement de très mauvais goût et une paire de baskets qui chaussaient des pieds démesurément petits pour la grande taille du spécimen qu’elles aidaient à tenir debout malgré tout. Quel goût, c’était bien parti…
Arrivé chez lui, il m’a évidemment fait les honneurs de sa magnifique maison (juste histoire de masquer à n’en pas douter un problème de virilité sous-jacent, typiquement masculin comme approche en fait… Ça donne de la bite aux types qui n’en n’ont plus l’usage.). J’ai essayé de ne pas montrer que j’étais tout de même impressionnée par une si belle demeure. Ensuite il s’est mis au piano, comme s’il voulait réussir au mieux un examen de passage que je ne lui avais résolument pas demandé de passer. Son cas semblait trop lourd pour que je ne me risque dans cette voie. Pour terminer, il m’a longuement parlé de ses ex. Génial comme vous pouvez l’imaginer, et tout à fait engageant pour une première rencontre. Mais bon, Yiórgos avait fait de même. Il semblerait que ce soit un classique du genre.
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( Extrait de Mythomania sur le Net, roman en vente sur : amazon.fr, fnac.com, chapitre.com.
Vous pouvez également cliquer sur ce lien pour le trouver :
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Extrait n° 1 du roman » Mythomania sur le Net » paru en octobre 2013
LA QUÊTE DE L’HOMME IDÉAL…. (pp. 34-35)
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Bon, je vais continuer à parfaire ma fiche. Quels sont mes critères de recherche ? Je dois à tout pris remplir cette page relative à ma quête de l’homme idéal. On va cadrer large : « Âge : 50-58 ans, Taille : entre 1,75 m et 1,85 m. Poids : entre 75 et 85 kg. Silhouette : un peu ronde (sinon je risque de n’avoir personne en ligne). Cheveux : courts ou longs (évidemment sur un mec qui ne se lave pas, je me dis que cela ne doit pas le faire des cheveux longs, alors je dirais « rasés », ce sera plus net ! Net sur le Net, hahaha, je me marre décidément. Toujours ça de pris). »
On ne me demande pas si je le désire beau ou bien moche. Tiens, je me demande pour le coup s’il reste quelques beaux spécimens en réserve sur ce marché virtuel de rencontres. Je continue.
« Niveau d’études », là je fais fort ; je précise que j’insiste sur le fait que l’homme de ma vie ait le niveau « de bac + 3 à bac + 5, voire + +
« Le degré d’humour » ? J’ai beau chercher je ne trouve pas de rubrique à ce sujet. C’est dommage, c’est si important ! Ce serait bien de trouver un type marrant avec qui on pourrait délirer un max sur le chatt en folie de ces amours mythociens.
« Nationalité : indifférent. Pays : on a dit qu’on tablait large, je ne vais donc pas me limiter à ma région. Religion : je décide de tout cocher en insistant sur la mention non pratiquant (il ne faut pas abuser, je n’ai pas envie qu’on me demande de me convertir au bouddhisme et encore moins de me retrouver avec un tchador scotché sur la tête). »
Et James melchior_007 insiste et je dégage James et Melchior à la fois. J’ai opté entre temps pour le signe de la vierge. Ce Roi Mage avec la longue barbe qu’il affiche sur la page de son profil ne semble pas comprendre qu’il devrait me laisser tranquille dans un moment aussi important que celui-ci, ce moment crucial où je remplis la fiche de renseignements concernant le mec idéal, celui dont je rêve : l’Homme parfait en somme. Oui, je sais, c’est un mythe, mais on peut toujours rêver, non ? [...]
( Extrait de Mythomania sur le Net, roman en vente sur : amazon.fr, fnac.com, chapitre.com.
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Nuit d’hiver
Dans la nuit de l’hiver la pluie verse son urne
Sur la rivière en pleurs qui flanche sous la peine
C’est le soir qui se noie débordant sur la plaine
Les étoiles trempées s’éteignent une à une
Le vent en rafales s’infiltre entre les branches
Le spleen larmoie, l’obscur gémit sa solitude
Et, dans la cheminée un feu par habitude
Tente de réchauffer l’heure aigrie qui s’épanche
L’hiver se déchaîne saupoudre d’un manteau
De neige la plaine qui s’endort dans le soir
Remettant à demain l’aurore d’un espoir
Tout se calme s’endort au pays de Watteau
© Monique-Marie Ihry - 6 décembre 2013 –
Texte déposé