Alcools
Alcools
L’homme s’accoude au bar
nonchalamment, lascivement,
comme une grande blessure.
Le comptoir en métal
prend des airs froids de sentiers
égarés par la bise du Nord
où s’épanchent les larmes
où s’évadent les douleurs
où se meurent les amours mortes
d’automne.
Chacun arpente sa peine
chacun boit en vain à son trépas
tous trinquent au non-amour
et l’on entend au loin
sonner une cloche,
un glas.
L’homme l’entend, le sait,
mais ne sait faire autrement.
Il est des nuits où les larmes
sont une lignée infinie
de verres à la lie de boue et de sang,
des verres vautrés sur le comptoir du désespoir
où l’on s’arrime avec persévérance à ses blessures
l’on s’attèle à ses profondes déchirures
l’on se noie dans l’abîme sans fond
d’une longue absence
et l’on se meurt à petit feu, peu à peu
dans la vaste coupe d’un enfer programmé
par l’abîme
du désamour…
© M.M. Ihry - 18 octobre 2013 -
Texte déposé, reproduction interdite
Extrait du recueil de poésie » IVRESSES « , paru aux Éditions Cap de l’Étang, 2019