« J’irai au bois » commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor
Je voudrais de mes mains toucher l’immatériel,
Quitter ce monde vain, rejoindre l’arc-en-ciel,
Colombe me poser sur un nuage rose,
Frôler cette étoile où mon bel aimé repose.
Mes rêves s’évadent au-delà du réel,
Il me faut cependant en simple ménestrel
Composer ce présent à la rime morose,
Semer des mots d’espoir dans mon jardin en prose.
Quand viendra le printemps éclore l’espérance
Qui germait dans sa sève au plus profond du cœur,
Les grands maux de l’hiver feront leur révérence.
J’irai au bois cueillir le bouquet d’un poème
Orchestré par la vie, l’amour d’une bohème
Où l’on fait fi des maux, où le verbe est vainqueur !
© Monique-Marie Ihry - 14 mars 2013 -
Toile de l’auteure « Sous-bois » (2016) – huile sur toile 80 x 40 cm -
Poème commenté par le Pr. Mohamed Salah Ben Amor
»Écrit tout dernièrement, étant daté du 14 mars 2013, ce poème qui s’inscrit dans la même orientation romantique de l’auteure que l’on peut considérer comme la principale constante dans son expérience poétique, nous apporte néanmoins une nouveauté. En effet, si une coupure totale s’était apparemment produite entre sa première étape que représente son recueil Rendez-vous-manqués (Tunis, 2011) où la présence du ciel et de l’au-delà est prépondérante, et la suivante que couvrent les poèmes réunis dans le second recueil intitulé Le cœur d’Ana (Narbonne, 2013) où l’âme de la poète s’est réconciliée avec le paradis terrestre, il nous est dévoilé dans ce poème que les liens qui les lient au passé n’ont pas été complètement rompus et qu’elle garde de ses épreuves précédentes une certaine nostalgie (Je voudrais de mes mains toucher l’immatériel / Quitter ce monde vain, rejoindre l’arc-en-ciel / Colombe me poser sur un nuage rose / Et frôler cette étoile où mon bel aimé repose). Mais, il ne s’agit probablement ici que d’un restant de nostalgie qui lui traverse l’âme et l’esprit, tel un souvenir furtif pour s’estomper tout de suite après et laisser son attention fixée sur ses préoccupations terrestres (Il me faut cependant en simple ménestrel / Composer ce présent à la rime morose / Semer des mots d’espoir dans mon jardin en prose). Et d’un coup, le désir de quitter ce monde vain cède la place à l’espoir (Quand viendra le printemps éclore l’espérance / Qui germait dans sa sève au plus profond du cœur / Les grands maux de l’hiver feront leur révérence). Et voilà notre poète qui revient à nouveau à son heureuse ambiance d’ici-bas (J’irai au bois cueillir le bouquet d’un poème / Orchestré par la vie, l’amour d’une bohème / Où l’on fait fi des maux, où le verbe est vainqueur) ; ce qui veut dire que la coupure entre les deux étapes était irréversible.
Sur le plan du style, l’auteure a usé de toutes ses capacités imaginatives et sa sensibilité esthétique pour nous gratifier d’une série d’images étincelantes empreintes de nostalgie et de douce mélancolie (de mes mains toucher l’immatériel ‒ colombe me poser sur un nuage rose ‒ frôler cette étoile où mon bel aimé repose – il me faut cependant en simple ménestrel composer ce présent à la rime morose semer ‒ des mots d’espoir dans mon jardin en prose – j’irai au bois cueillir le bouquet d’un poème orchestré par la vie, l’amour d’une bohème). »
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Bonjour
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Sabine, la présidente
Dernière publication sur Les mains de Sabine : Une feuille, un livre