Masque
Dans cette plaine endormie la neige s’installe,
en silence elle recouvre de son blanc linceul
les monts, les vallées et les forêts de cristal
s’étalant à l’horizon d’un monde solitaire.
Seule est la plaine dans la bise hivernale
qui souffle ses tourments sur les corps étalés ;
isolés sont ces êtres en phase terminale,
ces corps mutilés dont l’âme, déjà, s’en est allée…
Hier la guerre a fait rage dans le blanc paysage
maculé par le sang de valeureux soldats.
La mort rode, érode les vies sur son passage,
emporte vers d’autres rivages ces cœurs las.
Demain, dans la blancheur virginale de l’aube,
dans le silence installé d’une mort certaine
la neige opaline masquera de son aube
le carnage de vies qui se rêvaient sereines…
© Monique-Marie Ihry - 17 décembre 2010 -
(Extrait du recueil « Le cœur d’Ana »)